Podcasting: état des lieux et sélection aux petits oignons

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Nicolas Bogaerts Journaliste

Le podcasting est sorti de la cuisse du Web 2.0 aux alentours de 2005. Véritable serpent de mer, il a passé la dernière douzaine d’années à apparaître puis disparaître pour réapparaître, au gré des modes et des sursauts de l’économie numérique et médiatique.

Alors qu’en 2018 il a le vent en poupe, que les annonceurs lui font les yeux doux des deux côtés de l’Atlantique et que les médias traditionnels se sont mis à accueillir des coproductions répondant au doux nom de « podcasts natifs », il aura fallu du temps pour que nos oreilles et nos modes de consommation se fassent à la « baladodiffusion »: la diffusion de fichiers sonores via l’abonnement à un flux de données au format RSS (Really Simple Syndication) permettant l’écoute immédiate ou le téléchargement pour écoute ultérieure d’émissions radio, sur des baladeurs numériques ou des smartphones.

Premiers pas et puis s’en va

Si les radios existantes profitent depuis des années du développement de cette technologie, si des initiatives, individuelles ou fédérées, commerciales ou passionnées, ont vu le jour de manière éphémère, il semble bien que le podcast soit durablement entré dans les habitudes d’écoute, notamment des jeunes adultes urbains soucieux d’y trouver un ton, des sujets, des approches inexplorées dans les médias traditionnels. Et les business models émergent doucement. En France, Arte-radio.com a été le premier site Internet à proposer des podcasts gratuits, dès 2004 (sous licence Creative Commons). Un an plus tard, tout juste évincé de l’antenne de Pure FM, Jérôme Colin créait Vox, podcast financé et hébergé par le portail Skynet. Une heure d’émission musicale entre interviews, titres, sessions acoustiques glanées aux quatre coins du royaume dans un studio portatif. Au même moment, Alex Stevens, le bon génie qui préside aux destinées du festival de Dour, avait déjà rôdé son podcast musical fait maison appelé Selon l’humeur du chef, une heure environ de sélection musicale pointue, déviante ou simplement curieuse. Jusqu’à la création par Benjamin Schoos de Radio Rectangle, en 2012, qui a abrité jusqu’à aujourd’hui des dizaines de podcasts au coeur des passions musicales et nos quelques tentatives maison (Focus Store, Focus Brolcast), rien n’avait réussi à durer, faute de monétisation. Mais ça va changer.

Me raconte pas des salades

« J’avais envie d’aller où il n’y avait personne« , tranche Axelle Minne, qui lance avec Elisabeth Debourse le premier podcast natif coproduit par RTBF Webcréation, Salade Tout (1), rendez-vous mensuel qui décortique les usages dans et autour de l’assiette, et résume bien la nouvelle dynamique qui traverse le nouveau média. Des thèmes de niche ou peu arpentés de manière complète par les médias trop formatés (féminisme, genre, sexualité, travail, cultures déviantes ou underground…), un ton plus libre et une créativité sonore débridée. Sur Slate.fr, France Culture, PiiAF, Nouvelles Écoutes, Binge ou Geekzone, une intimité, une curiosité sans césure ni figure imposée se donnent du temps long, disponibles in situ ou sur les plateformes IiTunes, Podomatic, Soundcloud, Deezer ou Spotify.

« Le podcast a surtout été un moyen pour des filles de prendre la parole sans être interrompues« , lance Elisabeth Debourse, qui a renoncé à écouter les médias linéaires. « Du coup, on a tout le loisir de faire valoir notre expertise. » Ce nouveau champ d’exploration pour les productrices en herbe -qui remisent au placard le mythe d’un média démocratique, tant la rigueur technique que du matériel de qualité constituent une exigence indépassable- dessine des horizons sonores inouïs pour des auditeurs dont les habitudes et les modes de consommation mobile ne collent plus avec la radio de papa. « Ce que j’ai appris en écoutant et en produisant des podcasts, c’est l’empathie« , nous dit Axelle Minne, confirmant une tendance manifeste qui se dégage dès qu’on dépasse quelques heures d’écoute de podcast: récits de vies et discours d’experts se côtoient aisément et se complètent comme en réponse à un besoin de davantage de récit, moins d’animation et de service passe-plat. Sortir des codes formatés assure la fidélité d’un public friand de didactique, avide de goûter à la différence. « On peut se permettre d’être inclusives, diversifiées, inventives dans le format qu’on s’est fixées« , s’enthousiasme Elisabeth Debourse en parlant de Salade Tout, qui entend aborder « la bouffe comme un sujet culturel« . « On ne va pas s’extasier sur la beauté d’une assiette, mais aborder tout ce qu’il y a autour, être dans le plaisir et la transmission. » Témoin de ce nouvel engouement, des chambres d’écoute seraient sur le point d’éclore prochainement sous forme de soirées et de festivals dans la capitale et ailleurs, organisées par une armée d’aficionados prêts à sortir de l’ombre. Mais ça, c’est une autre histoire.

(1) Disponible en novembre 2018 sur Auvio et les plateformes de podcast habituelles.

Podcasts à écouter sans modérationL’art est la matière

Podcasting: état des lieux et sélection aux petits oignons

(France Culture)

L’avant-garde russe à Pompidou, Guernica et l’art de la dénonciation, la fureur Delacroix, Schiele et la lumière des corps… Les grandes thématiques, oeuvres et artistes sont passés au crible du regard impressionniste et précis de Jean de Loisy et de ses invités, spécialistes académiques ou simples passionnés, commissaires d’expositions ou écrivains.

Les Chemins de la philosophie

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(France Culture)

Quel lien entre Jack Kerouac, Julien Doré, Friedrich Nietzsche et Carson McCullers? Le fil tendu entre ces figures et la pensée par Adèle Van Reeth. « Il faut penser à travers tout« , écrivait le surréaliste belge Paul Nougé. Les Chemins de la philosophie portent sur les objets de leur réflexion une oreille attentive, friande de curiosités.

Mycose the Night

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(Arte Radio)

Deux femmes bien dans leur époque, Élodie Font et Klaire fait Grr, devisent, échangent, grincent, jouent, bruitent et samplent tous azimuts en compagnie de Jacques, un robot bien chelou. Prix du pain, amours et fantaisies, infos cul(turelles) et pop philosophie de boudoir jouent sur le velour d’un humour fluo ardent. Jouissif.

Le mike et l’enclume

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(Arte Radio)

Depuis 2013, le podcast mensuel de la culture rap réunissant Jérôme Larcin, La Go, Labrax, Mike et Moe balaie le continent du rap dans dans toutes ses latitudes et jusqu’au moindre recoin. Le ton bien frais, les vannes bien balancées et l’érudition impressionnante de la fine équipe en font l’un des meilleurs podcasts de hip-hop en français.

Dans les oreilles de…

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(Nova)

Qu’y a-t-il dans les oreilles des Limiñanas, de James Blake, de Jacques, ou de Raekwon? Durant un heure, un artiste ou un groupe évoque la bande originale de sa vie, égrainant un patrimoine immatériel comme autant de jalons nécessaires ou de béquilles salutaires. Quand la vie se raconte au gré des musiques qui l’ont forgée, accompagnée, provoquée.

Un podcast à soi

Podcasting: état des lieux et sélection aux petits oignons

(Arte Radio)

Chaque premier mercredi du mois, des récits personnels ou des réflexions d’experts se retrouvent autour d’un grand thème de société. Féminismes, genre et égalité y sont les grilles d’entrée de Charlotte Bienaimé vers de nouvelles perspectives sur le travail, la santé, l’éducation, l’environnement, la sexualité, la parentalité…

Super Ciné Battle

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(www.supercinebattle.fr)

Faire des listes de films, c’est bien, mais en discuter avec passion, c’est encore mieux. L’équipe de fondus de Super Ciné Battle récolte vos listes de films (le meilleur, le pire de chaque décennie), et les classe pour établir des classements ultimes. Un beau prétexte pour confronter les points de vue des chroniqueurs sur le cinéma et ses marges.

Remède à la mélancolie

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(France Inter)

La perle noire radiophonique frappe à la porte chaque dimanche matin morose mais se consomme à toute heure de la journée, de la semaine, de l’année. La prescription d’Eva Bester et de son invité.e dominical.e est une somme de petits plaisirs ou de grands vices qui aident à composer avec le pire ou le vide, selon.

À ton âge

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(France Inter)

C’est quoi la politique à six ans? La liberté à 17? Le communisme à 65 et l’amour à 28? Parce qu’il n’y a pas d’âge pour grandir, apprendre, se retrouver, se questionner, Caroline Gillet interroge le temps qui passe et les doutes ou les certitudes qui nous habitent. À chaque étape de l’existence correspond une vision des choses de la vie.

Nova Book Box

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(Nova)

Une petite heure de collages littéraires, bouts de romans, zestes d’essais, soupçons de prose et éclats de nouvelles. Le « juke-box littéraire » de Nova recolle les morceaux d’une culture littéraire, graphique, sportive ou poétique et donne vie au big picture, fait tourner les invités et rythme les échanges d’une playlist maison au diapason.

Mauvais genres

Podcasting: état des lieux et sélection aux petits oignons

(France Culture)

BD hantée, polar érotique, pop mystique, obsessions visuelles et actualité brûlante: depuis 1997, François Angelier et son équipe fécondent les contre-allées médiatiques de culture subversive ou sulfureuse… Ces « péchés mignons devenus péchés mortels« , incunables prêts à être désirés par les masses, sont décortiqués par une brochette de spécialistes convoqués pour disserter à plaisir.

Studio 404

Podcasting: état des lieux et sélection aux petits oignons

soundcloud.com/dequaliter/sets/studio-404

L’erreur 404 est l’équivalent Web du cul-de-sac, de la voie sans issue. Lâm Hua y installe son studio pour causer société numérique avec ses quatre chroniqueurs: Melissa Bounoua, Sylvain Paley, Fibretigre et Daz. Usages et good practices, conséquences et dérives ouvrent des voies nouvelles sur le quotidien et l’horizon des possibles.

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