Critique

On attendait plus de Triple Frontier, le film du réalisateur d’A Most Violent Year pour Netflix

© Netflix
Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

Entre film de casse et survival, J.C. Chandor expédie un commando dans la jungle sud-américaine afin d’y débusquer un narco-trafiquant et sa fortune…

À l’instar de Annihilation voici quelques mois, c’est précédé d’une histoire tumultueuse que Triple Frontier déboule aujourd’hui sur Netflix. Dans les cartons depuis 2010, le projet devait à l’origine être réalisé par Kathryn Bigelow pour la Paramount, Tom Hanks et Johnny Depp étant pressentis pour en tenir les rôles principaux. La réalisatrice de Zero Dark Thirty allait toutefois se désister afin de tourner Detroit, la Paramount l’imitant après le retrait de Tom Hardy et Channing Tatum. Et le script de Mark Boal, le partenaire d’écriture de la cinéaste depuis The Hurt Locker, d’atterrir chez le géant du streaming, pour être confié à J.C. Chandor (Margin Call, All Is Lost, A Most Violent Year), le casting définitif étant dominé par Oscar Isaac et Ben Affleck.

Frontières morales

Lesquels, impeccables l’un comme l’autre, se retrouvent bientôt à la tête d’un commando d’anciens des forces spéciales (il y a là encore Charlie Hunnam, Pedro Pascal et Garrett Hedlund), formé par le premier pour aller débusquer un baron de la drogue dans une jungle sud-américaine (le titre du film renvoie à la zone où la frontière colombienne rencontre, au choix, celles du Venezuela et du Brésil, ou celles du Pérou et du Brésil) où il dort sur un magot pressenti conséquent – « The House is the Safe », leur a signifié leur indic. En proie aux lendemains qui déchantent, les gaillards décident toutefois de mener l’opération à leur profit, plutôt que pour les autorités ou une quelconque agence, et de s’en mettre plein les fouilles au passage. Non sans respecter le code d’honneur qui les lie et éviter les victimes inutiles. Et d’embarquer pour l’enfer vert et un casse sans précédent, leur loyauté se trouvant bientôt mise à l’épreuve d’un argent dont le pouvoir corrupteur n’est plus à rappeler…

On attendait plus de Triple Frontier, le film du réalisateur d'A Most Violent Year pour Netflix

L’on retrouve là, bien sûr, la griffe de J.C. Chandor, un réalisateur n’ayant cessé, de Margin Call à A Most Violent Year, de confronter l’intégrité de ses personnages à la réalité d’un capitalisme exacerbé, dont la cupidité ici à l’oeuvre serait l’une des expressions. Et de passer, dans le même mouvement, l’Amérique et ses failles au scalpel. S’il s’inscrit ainsi dans la continuité de l’oeuvre, Triple Frontier reste toutefois, en première lecture, un divertissement efficace, mélangeant film de casse et survival en tirant un profit maximum d’un cadre naturel d’exception. Chandor s’acquitte du programme avec un incontestable savoir-faire et plus encore, caméra sinueuse et découpage serré à l’appui, et serpente habilement entre frontières physiques et morales. Mais si le tout est servi haletant et tendu à point, rien toutefois qui ne sorte d’un moule éprouvé -on attendait plus d’un cinéaste dont le précédent A Most Violent Year transcendait brillamment les codes du polar…

Thriller de J.C. Chandor. Avec Oscar Isaac, Ben Affleck, Charlie Hunnam. 2h05. Disponible sur Netflix. ***(*)

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