À la télé cette semaine: Kill Bill, Le Mépris, House of Cards 6…

Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Notre sélection télé pour la semaine du 1er au 7 décembre 2018.

Botswana, les reines du heavy metal

Documentaire de Sarah Vianney. ***

Samedi 1/12, 17h50, Arte.

À la télé cette semaine: Kill Bill, Le Mépris, House of Cards 6...
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Botswana, le jardin d’Éden de l’Afrique. Dans ce pays où le tourisme, le diamant et le bétail font tourner l’économie, des femmes revendiquent leur place dans l’univers très masculin du heavy metal. Tout de noir et de cuir vêtues, quelque part entre la tenue de cow-boy et le look de biker, elles headbangent et défient les codes d’une société patriarcale. On rencontre notamment Gloria, qui élève seule son fils et a monté une association afin d’aider les groupes de « maroks ». Payer des enterrements, des mariages, des tests de dépistage et surtout essayer d’améliorer l’image de rockeurs taxés de satanisme qui inspirent la peur et la méfiance. Ce documentaire parle plus de mode que de musique, d’affirmation de soi que de guitare mais lève le voile sur un phénomène méconnu. J.B.

House of Cards (saison 6)

Série créée par Beau Willimon. Avec Robin Wright, Michael Kelly, Campbell Scott. ***

Samedi 1/12, 20h30, Be Series.

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Comment pallier la défection forcée de Kevin Spacey, débarqué par la production pour faits de moeurs, sans que le fantôme de son personnage, l’ignoble Frank Underwood, ne plane sur cette sixième saison? Les premiers pas de son épouse Claire (Robin Wright) en tant que présidente sont lestés de son absence. Celle-ci est d’autant plus encombrante que la tension de la série reposait en grande partie sur les ficelles, calculs, manipulations, coups tordus et mensonges pervers dont usait le couple, et Frank en particulier pour accéder à la fonction suprême. Un fois chose faite, le jeu a commencé à perdre un peu de son intérêt pour le couple Underwood. Mais alors que cette sixième saison aurait pu relancer une histoire conçue autour de l’exercice du pouvoir par une femme, les thématiques, les enjeux et les personnages sont enchaînés au spectre de Frank et n’arrivent pas à combler le vide autrement que par des éléments qui lui sont indéfectiblement liés. N.B.

La Magie des grands musées

Série documentaire. ***

Dimanche 2/12, 17h35, Arte.

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Ils n’ont sans doute jamais été aussi fréquentés qu’aujourd’hui. Les musées, comme les grandes expositions, ont pour l’instant la cote. Ouvert en 1986 dans une gare désaffectée (une innovation architecturale), celui d’Orsay, qui possède la plus grosse collection d’art français du XIXe siècle, est aussi l’un des plus fréquentés au monde. C’est la deuxième étape de La Magie des grands musées. Cette série documentaire hebdomadaire allemande en huit épisodes s’arrêtera entre autres par la suite au Musée d’Histoire de l’art de Vienne ou encore au Rijksmuseum d’Amsterdam. Ici, on apprend l’Histoire du bâtiment, on découvre la politique muséale (le numérique, les visites virtuelles, le boulot avec l’éducation nationale…) tout en se faisant décortiquer l’Olympia de Manet, Les Nénuphars de Monet et L’Origine du monde de Courbet… Un docu pas inintéressant mais un peu plombé par un habillage conceptuel futuriste (et son présentateur), des idées étranges et un côté outil promotionnel. J.B.

Dragons!

Série documentaire d’Alexis et Yannis Metzinger. ***

Dimanche 2/12, 19h15, Arte.

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Illustrateur canadien formé à l’École supérieure des arts décoratifs de Strasbourg, John Howe est célèbre pour son travail sur Le Seigneur des anneaux, assurant la direction artistique des films de Peter Jackson. Après avoir servi de guide à une enquête autour des Hobbits, Howe se lance cette fois à la poursuite des dragons avec le conteur Nicolas Mezzalira. Pourquoi nous fascinent-ils? Qu’incarnent ces créatures fantastiques en Chine et quelle place occupent-elles dans l’imaginaire germanique? Avant de retrouver ceux de Daenerys Targaryen dans l’ultime saison de Game of Thrones, cette série documentaire sympa en quatre épisodes (un par dimanche) questionne sous toutes leurs coutures les monstres cracheurs de feu. Dans ce premier volet, elle se penche sur la genèse de Smaug, le principal protagoniste du HobbitJ.B.

La nuit est à elles: Paris 1919-1939

Documentaire de Carole Wrona. ***(*)

Dimanche 2/12, 22h50, Arte.

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Au sortir de la Première Guerre mondiale, Paris s’amuse pour oublier. Trépidante, la capitale française fait de l’oeil aux écrivains, aux musiciens et artistes en tous genres. Les femmes n’y sont pas en reste malgré une société encore terriblement patriarcale. Chanteuses et danseuses d’exception, meneuses de revue… À l’époque, Gaby Deslys révolutionne le music-hall, incarne le charme de Paname, revendique liberté et indépendance. Jeanne Bourgeois, alias Mistinguett, a fait assurer ses jambes 500.000 francs et fricote avec Maurice Chevalier. Suzy Solidor, la tigresse à la voix de baryton, impose ses airs de garçon, aime les femmes, les hommes et se crée un genre. Carole Wrona (Corinne L, Damia, la chanteuse était en noir) zoome sur ces affranchies qui ont interrogé la place de la femme dans une société conçue pour les hommes. Ces rebelles qui ont fait évoluer son image sinon sa condition. Guidée par les images d’archives et les tubes d’antan, elle se promène des Folies bergères au Moulin rouge, des music-halls aux cabarets et raconte les établissement de nuit tenus par des chanteuses. Le Château Montbreuse rue Pigalle, Chez Agnès Capri rue Molière ou encore La Vie parisienne. Cabaret chic et cher, une boîte la nuit et un salon de thé l’après-midi, où se rencontrent les homosexuels et débute Charles Trenet… Un passionnant voyage dans le temps. J.B.

Surfeuses et rebelles

Documentaire de Dörthe Eickelberg. ***

Lundi 3/12, 17h35, Arte.

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Il n’est déjà, de manière générale, pas spécialement évident de faire accepter sa passion pour la glisse quand on est une femme. Mais dans de nombreuses cultures, la femme qui surfe est carrément vue comme une provocation… Présentatrice allemande de Xenius sur Arte et surfeuse passionnée, Dörthe Eickelberg a décidé de consacrer au sujet une série documentaire et de s’en aller aux quatre coins du monde rencontrer (dommage de se mettre en scène) ces équilibristes qui défient les coutumes et les préjugés en bravant les vagues. Dans un épisode, elle discute à Durban avec Suthu, la première surfeuse noire d’Afrique du Sud. Suthu a étudié le génie civil et est lesbienne dans un pays où l’on pratique le viol correctif… Dans un autre, elle part à la recherche de Sabah, qui n’a pas 18 ans et va déjà devoir mettre sa planche au clou. Seule surfeuse de Gaza (dont elle n’est jamais sortie), elle devait surfer tôt le matin avant que tout le monde se réveille mais s’apprête aujourd’hui à se marier… J.B.

Le Pacte d’Adriana

Documentaire de Lissette Orozco. ****

Lundi 3/12, 00h55, Arte.

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Élevée par ses grands-parents, Lissette a grandi entourée de l’amour des femmes de sa famille. Dans cette ambiance bon enfant qui illuminait ses jeunes années, toutes ont été des modèles de féminité, de courage, d’affection. Mais l’une d’entre elles, en particulier, forçait son admiration: sa tante Adriana, qui un beau jour avait quitté son Chili natal pour aller vivre en Australie. « Chany », comme la famille l’appelle, avait pour Lissette toute la panoplie de la femme moderne, accomplie, indépendante, rayonnante. De ses séjours parmi les siens, la jeune fille avait toujours gardé un souvenir de fête, de réjouissances et de cadeaux. Jusqu’au jour où Chany, à son arrivée à l’aéroport de Santiago, est arrêtée sous ses yeux par la police. La justice la soupçonne d’avoir participé aux enlèvements et aux assassinats d’opposants lorsque, dans les années 70, elle travaillait pour la Dina, la terrible police politique du général Pinochet. Étudiante en cinéma, Lissette entreprend alors de chercher la vérité. Elle documente ici son enquête, percée de souvenirs en VHS, sur les traces d’une tante qu’elle pensait connaître mais dont les lourds secrets assombrissent l’histoire familiale. Elle questionne, doute, interroge, découvre avec effroi, parfois, dessinant les contours d’un lourd secret qui ébranle un amour qu’elle pensait inconditionnel. Lissette Orozco transforme cette quête intime, à tâtons, en un formidable portrait de famille, un témoignage passionnant sur les mystères, le silence et les non-dits. N.B.

Kill Bill: volumes 1 et 2

Films d’action de Quentin Tarantino. Avec Uma Thurman, Sonny Chiba, David Carradine. 2003 et 2004. ****

Mardi 4/12, 20h35 et 22h30, La Deux.

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Les deux volets de Kill Bill, sortis sur deux années successives avec un grand succès, marquent assurément le cinéma d’action post-moderne! Le surdoué Tarantino avait initialement envisagé un seul film, mais la longueur exceptionnelle de celui-ci le poussa vers l’idée de séparer en deux parties une histoire qui ne s’en trouve pas plus mal. Centré sur le thème éminemment porteur de la vengeance, le diptyque met en scène une jeune femme (Uma Thurman) dont le mariage tourne au massacre, la laissant seule survivante. Après quatre ans de coma, elle voudra retrouver et punir les responsables de l’horrible tuerie. Ex-tueuse à gages dans une organisation secrète, elle mettra ses talents (au sabre, en premier lieu) au service de sa mission… Truffé d’hommages au cinéma d’arts martiaux de Hong Kong et au chanbara nippon, avec une touche westernienne et un décalage savoureux dans l’humour (noir) comme dans la violence (extrême), Kill Bill offre beaucoup de plaisir à l’amateur de bon cinéma de genre. L.D.

Coup de poker sur l’essence

Documentaire de Jean Crépu. ***(*)

Mardi 4/12, 20h50, Arte.

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À Wall Street, dans les cercles fermés du pouvoir saoudien et dans les couloirs du Kremlin se joue une véritable partie de poker économique et géopolitique avec pour enjeu le prix du carburant, ses fluctuations, ses profits mirobolants et une course folle pour rafler la mise. Ce documentaire de Jean Crépu raconte comment, en 2012, l’étude d’un jeune analyste français des marchés pétroliers, prédisant la chute prochaine des cours du pétrole, a fait l’effet d’une bombe. Surtout lorsque cette analyse démarrée au cours du troisième choc pétrolier, en 2008, alors que le baril atteignait les 150 dollars, et que l’épuisement annoncé des ressources prophétisait une hausse constante, s’est avérée. Entre 2013 et 2016, le baril de brut aura perdu 70% de sa valeur. Mais c’est à un bras de fer à l’échelle mondiale que se livrent les pays membres de l’OPEP (Arabie saoudite, Venezuela…), la Russie et les États-Unis, alors que ces derniers, gavés de leur pétrole de schiste, se sont hissés cette année au sommet de la production. Récap historique, analyses d’experts, questions qui fâchent: le reportage est une plongée dans les calculs les plus vils, les manipulations les plus tordues et les enjeux majeurs de l’époque, éclairés par une faible lumière venue de Norvège, qui a fait de son pétrole une manne financière pour amorcer la transition écologique. N.B.

Le Mépris

Drame de Jean-Luc Godard. Avec Michel Piccoli, Brigitte Bardot, Jack Palance. 1963. *****

Mercredi 5/12, 21h05, La Trois.

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Comment ne pas vibrer aux accents profonds et poignants de la musique signée Georges Delerue? Comment ne pas admirer, même après plusieurs visions, l’adaptation très personnelle, par Jean-Luc Godard, du grand roman d’Alberto Moravia? Comment ne pas être fasciné par la descente aux enfers du jeune couple formé par Brigitte Bardot et Michel Piccoli, sur fond d’univers cinématographique, de pouvoir hollywoodien et de compromissions? Comment enfin ne pas s’émouvoir de la présence (dans son propre rôle) de l’immense cinéaste qu’est Fritz Lang (le réalisateur de Metropolis et de M le maudit)? Le Mépris est un très grand film, à la fois beau et amer, un des meilleurs de son auteur avec Pierrot le fou, À bout de souffle et Bande à part. Dans les décors naturels d’un Capri écrasé de soleil, la magie opère toujours, plus d’un demi-siècle après la sortie de ce chef-d’oeuvre. L.D.

Totems & Tabous

Documentaire réalisé par Daniel Cattier. ****

Vendredi 7/12, 20h50, La Une.

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En 1898, le Musée de Tervuren sort de terre, conçu comme un véritable monument à la gloire de la « mission civilisatrice » de la Belgique au Congo. Soixante ans plus tard, lors de l’Expo 58, un authentique zoo humain s’étend à ses alentours, où les visiteurs peuvent nourrir leur imaginaire des clichés les plus insoutenables sur les populations « sauvages » ou « primitives » sauvées par les bienfaits de la colonisation. Démarrée comme une aventure personnelle et lucrative par Léopold II, la colonisation du Congo a eu sa propagande, ses mensonges et son storytelling bien rôdé. Au coeur de ce processus, le Musée de Tervuren a pris sa part: les objets (souvent sacrés) arrachés aux populations soumises, les reconstitutions et les statues étalaient une vision de l’Histoire plaçant le Blanc au sommet de l’évolution et le Noir coincé dans ses tréfonds. Replaçant ses objets dans leur contexte, les représentations dans leur environnement mental et pédagogique, ce documentaire fait le bilan de cette époque sombre tout en racontant l’extraordinaire mue du Musée aujourd’hui rouvert, conçu comme un espace de dialogue, prêt à se confronter à l’Histoire, au vécu de ses témoins et de leurs descendants. Mais qu’en est-il de la restitution des biens spoliés? Mettre les représentations rances sous l’éteignoir n’est-ce pas une manière de les ignorer au risque de les voir ressurgir? Toutes ces questions sont abordées par l’équipe scientifique et les experts, dans un espoir de réconciliation. Le docu sera suivi d’un débat animé par Sacha Daout et Élodie de Sélys. N.B.

The Kominsky Method

Série Netflix créée par Chuck Lorre. Avec Michael Douglas, Alan Arkin, Nancy Travis, Sarah Baker. ***(*)

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Sandy Kominsky (Michael Douglas) est un acteur à succès vieillissant, devenu prof/gourou d’art dramatique. Son agent et ami Norman (Alan Arkin, papy junkie de Little Miss Sunshine) fait un très bon sparring-partner lors de déjeuners où ils font assaut (de peu) d’amabilités l’un envers l’autre. Mais la femme de Norman vient à mourir, quand Sandy se lance dans une idylle avec une de ses étudiantes. Le peu de grâce avec laquelle ils traversent l’automne de leur vie font le sel de cette série signée du créateur de The Big Bang Theory: une comédie douce-amère sur l’âge qui avance, la vie qui piétine, les articulations et les propos qui grincent. Les dialogues fusent, une tristesse infuse des situations cocasses, mais les seconds rôles ont tendance à resté sur le carreau. N.B.

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