À la télé cette semaine: Charade, Where is Rocky II?, The Ghost Writer…

Jayne Mansfield © DR
Nicolas Clément
Nicolas Clément Journaliste cinéma

Notre sélection d’une quinzaine de films, séries, documentaires et émissions à voir du 23 au 29 mars, à la télé ou en streaming.

ZSA ZSA GABOR: STAR GLAMOUR DE HOLLYWOOD

Documentaire de Nicola Graef et Heike Dickebohm. ***(*)

Dimanche 24/3, 23h15, Arte.

À la télé cette semaine: Charade, Where is Rocky II?, The Ghost Writer...
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C’est l’histoire d’une Hongroise flamboyante, d’une briseuse de coeurs, d’une écervelée qui aimait les hommes, détestait les femmes et se croyait au-dessus des lois. Mariée à neuf reprises (à un banquier et industriel, un Texan magnat du pétrole, un acteur, un avocat ou encore un des inventeurs de la poupée Barbie…), divorcée huit fois… Zsa Zsa Gabor. Sa vie est une succession de scandales mais la fille de Budapest en a fait un feuilleton à succès et une petite entreprise très rentable. Avec son dernier époux, un prince désargenté, elle dramatisera d’ailleurs les petits événements de son quotidien. Et quand elle gifle un policier de Beverly Hills, a droit à un procès et écope de trois jours de prison, c’est 50.000 euros la photo derrière les barreaux. Le documentaire de Nicola Graef et Heike Dickebohm revient sur le parcours tumultueux de cette Kim Kardashian vintage et raconte ses histoires de coeur (« le mariage d’amour était un luxe que seuls les pauvres pouvaient se permettre »), son sens de la répartie, ses pics à la gent masculine.

Mais aussi l’actrice médiocre, les seconds rôles insignifiants dans une cinquantaine de films, les relations abusives dont elle a été victime et les cachets qu’elle touchait pour ses apparitions publiques dans des magasins luxueux. Le portrait d’une femme célèbre pour sa célébrité et le récit d’un vieil Hollywood. J.B.

CHARADE

Thriller romantique de Stanley Donen. Avec Cary Grant, Audrey Hepburn, Walter Matthau. 1963. ****(*)

Lundi 25/3, 20h50, France 5.

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Lors de sa disparition toute récente, à l’âge de 94 ans, on a bien sûr évoqué largement le film le plus célèbre de Stanley Donen, Chantons sous la pluie (Singin’ in the Rain). Mais ce grand réalisateur signa quelques autres oeuvres majeures, dont le merveilleux Charade programmé ce soir par France 5. Cette comédie policière, parmi les plus savoureuses jamais tournées, offre à la merveilleuse Audrey Hepburn un de ses rôles les plus accomplis. Elle incarne une élégante à la forte personnalité, évoluant pour la saison de ski à Megève, station française et très chic. Elle y fait la connaissance de Peter Joshua (Cary Grant), un Américain avec laquelle elle flirte quelque peu, ayant déjà par ailleurs décidé de divorcer de son riche mari. De retour à Paris, elle découvrira son appartement dévasté et apprendra la mort brutale d’un époux dont elle ne soupçonnait pas les activités réelles… La suite est un enchantement mêlant action, suspense, humour, ironie et romance avec un Cary Grant lui aussi plein de secrets. L’écrin est parfait, Hepburn y rayonne, sublime. L.D.

TOGETHERNESS (SAISON 2)

Série créée par Mark et Jay Duplass. Avec Mark Duplass, Melanie Lynskey, Amanda Peet, Steve Zissis. ***(*)

Mardi 26/3, 20h30, Be Series.

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Annulée par HBO au bout de cette seconde saison, la série des frères Duplass n’aura pas connu le destin que ses premiers épisodes semblaient lui avoir tracé. Togetherness était bien plus qu’un regard tendre parmi d’autres sur le spleen des quarantenaires urbains. Sur un ton presque trop normal, mais subtilement écrite, l’ultime saison poursuit l’observation de cette incapacité au bonheur de Michelle (Melanie Lynskey), perdue dans une quête de sens et d’amour, et de sa soeur Tina (Amanda Peet), aussi carrée que parfaitement fondue. Des moments drôles où le scénario retourne le couteau dans la plaie de ses protagonistes, des dialogues piquants et affûtés, la série en regorge, mais fait montre ici d’un trop plein de bienveillance. Notamment envers ses personnages masculins. Durant sa courte vie, Togetherness a ajouté de l’eau au moulin de ceux qui pensent, à raison, que le quotidien est le meilleur ennemi du bonheur et la quête de ce dernier le meilleur ennemi de l’humain. Mais c’est une eau-de-vie dont on reprend volontiers une lampée. N.B.

THE GHOST WRITER

Thriller de Roman Polanski. Avec Ewan McGregor, Pierce Brosnan, Kim Cattrall. 2010. ****

Mardi 26/3, 21h00, France 3.

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Le genre du thriller psychologique à résonances paranoïaques a rarement suscité plus d’enthousiasme et d’inspiration chez un cinéaste que chez Roman Polanski! Le réalisateur s’y est illustré avec Le Couteau dans l’eau, Répulsion, Cul-de-sac, Rosemary’s Baby et Le Locataire avant de nous offrir, sur le tard, l’excellente surprise de The Ghost Writer. Il a 77 ans quand il tourne cette histoire où un jeune journaliste et écrivain joué par Ewan McGregor est engagé pour servir de nègre littéraire (« ghost writer » en anglais) à un homme politique fameux, auquel il prêtera discrètement sa plume pour son autobiographie. Campé par l’ex-interprète de James Bond, Pierce Brosnan, celui qui fut Premier ministre du Royaume-Uni affiche des idées bien différentes de celles du héros, mais la paye est bonne et vient à point. D’autres éléments vont entraîner l’écrivain de plus en plus profondément dans ce qui pourrait bien être un piège, un piège fatal… On sent Polanski jubiler derrière la caméra. Son exercice de style est un brillant régal. L.D.

VERTIGE DE LA CHUTE

Documentaire de Vincent Rimbaux et Patrizia Landi. ***(*)

Mardi 26/3, 00h55, France 2.

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« 2017. Après des années d’espoir et de croissance, l’économie du Brésil s’effondre. Rio de Janeiro est en faillite, son opéra à l’agonie. » En deux lignes blanches sur un écran noir, le cadre est fixé. Au théâtre municipal, réplique du palais Garnier, îlot de grâce au milieu du chaos, danseurs étoiles, musiciens de l’orchestre symphonique, portiers, logeuses ne sont plus payés depuis plusieurs mois. La colère gronde mais le ballet résiste, s’obstine. Il offre son art avec trois payes de retard et danse en échange de haricots et de riz jusqu’à atteindre les limites de sa dignité. Des répétitions aux spectacles, de la scène à la rue, le tout dans un noir et blanc léché, Vertige de la chute suit quelques membres de l’équipe. Il y a Marcia Jaqueline qui a décidé de quitter Rio, de rejoindre une compagnie de danse en Autriche et participe à son dernier spectacle. Felipe, premier danseur qui doit bosser pour Uber, histoire d’avoir de quoi payer les factures. Puis aussi le vieux Joao qui survit en faisant des travaux de peinture, crèverait sans la réouverture du théâtre et a peur pour ses petits-enfants avec les trafiquants de drogue qui rôdent. Un docu parlant (qui se termine avant l’arrivée de Bolsonaro) sur la culture et le sort qu’on lui réserve dans un pays gangréné par la corruption. J.B.

LE PIGALLE, UNE HISTOIRE POPULAIRE DE PARIS

Documentaire de David Dufresne. ***(*)

Mercredi 27/3, 22h55, Arte.

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Pigalle. Paris la nuit. Une place, trois rues, un bout de boulevard. Cent vingt ans de bohème en tout genre. « Un endroit où on apprenait les choses de la vie. » Ce sont les souvenirs de cet ancien quartier chaud, jadis tanière d’artistes en tous genres aujourd’hui gentrifiée et attrape-touristes, que David Dufresne a décidé de raconter. Au milieu des années 80, Dufresne avait découvert Paname au New Moon. Un club de rock peuplé de punks, d’effeuilleuses et de mafieux. Chaud, sale, humide. Escaliers dangereux. Sueurs et cigarettes.

Trente ans plus tard, dans ce Pigalle qui a fait son éducation, il a garé un camion. Installé un cinéma de poche sauvage, un marché aux souvenirs filmiques et organisé des projections en plein air où les anciens partagent leur nostalgie. Il y a Pierrot, le patron de feu le New Moon à qui Dufresne a consacré un livre en 2017 (New Moon. Café de nuit joyeux) encore bon pied bon oeil malgré ses 88 ans. Éliane, pilier du quartier, qui faisait le trottoir devant son entrée. Un ancien lutteur-catcheur qui a travaillé dans les cabarets. Puis des anciens policiers aussi. Forcément. Brigade mondaine, groupe cabaret.

Melville, Truffaut, Gabin, Delon, Constantin… Bob le flambeur, Le Marginal, Le Solitaire, Touchez pas au Grisby… Entre des extraits de films (« plus qu’ailleurs, les acteurs singeaient les truands qui singeaient les acteurs ») et des images d’archives, un live de la Mano Negra et un bout d’interview de Jean Renoir, anciens caïds, tenanciers et professionnelles du sexe papotent, chantent, se promènent et se souviennent. Ils racontent les types qui ont été rectifiés. Les mecs bien pour Pigalle. Ceux qui ne font pas parler d’eux et qui évitent l’esbroufe. Mesrine qui fréquentait souvent les bars, déguisé. Hélène Martini, la femme qui dominait le quartier. Classe et dure en affaires, elle était patronne des rockeurs perdus et des cabarets enfumés. Puis aussi la came qui a tout perverti…

Cette histoire populaire de Paris évoque également le temps du Harlem à Montmartre. Duke Ellington, Django Reinhardt. Les écrivains, les surréalistes. Le bastion de tous les arts et de tous les genres. Parce qu’entre le passé sulfureux, les passes et les règlements de compte, les voyous, les prostituées, les travelos et les macs, Pigalle, ce quartier où a commencé Piaf qui parfois jouait les rabatteuses, c’était une ambiance. Aujourd’hui, le Narcisse est devenu le Bio C’ Bon. Le Trafalgar a été transformé en crèche. Dufresne va jusqu’à rencontrer des agents immobiliers qui bossent sur le quartier. Son documentaire traverse le Pigalle d’hier et d’aujourd’hui et dépeint un monde en soi. Un univers jadis singulier, unique et hors des lois dont on a gardé le décor mais chassé les acteurs. Savoureux.

Julien Broquet

WHERE IS ROCKY II?

Documentaire de Pierre Bismuth. ****

Mercredi 27/3, 23h55, Arte.

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« Qu’est-ce qu’une oeuvre d’art que personne ne peut voir? » Telle est la question de départ de ce film situé à la frontière de la fiction et du documentaire, orchestré par l’artiste français (mais résidant à Bruxelles) Pierre Bismuth. Oscarisé en 2005 pour le scénario de Eternal Sunshine of the Spotless Mind aux côtés de son réalisateur Michel Gondry et du coscénariste Charlie Kaufman, Bismuth aime visiblement explorer les hiatus et les intersections entre réalité, mémoire et storytelling. Dans Where is Rocky II?, sorti en 2017, il semble également questionner la trace de l’art contemporain dans un monde déjà saturé de signaux. Il se met en scène abordant, lors d’une exposition, l’artiste américain Ed Ruscha à propos d’un faux rocher que celui-ci aurait réalisé en 1979, baptisé Rocky II (en clin d’oeil au film sorti cette année-là) puis disposé au milieu du désert de Mojave, à cheval entre la Californie, le Nevada et l’Arizona. Là, au milieu de véritables gros cailloux, l’objet coulerait des jours heureux à l’abri des regards des passants (rares, il faut l’avouer). Face à la réponse nébuleuse de Ruscha, Bismuth se met en tête de le retrouver et confie l’enquête à un détective privé de Los Angeles. Blanchi sous le harnais, rompu aux affaires de disparition ou d’adultères, Michael Scott fait de son mieux pour prendre le job au sérieux, à partir des quelques consignes laissées par son client décidément peu commun (une feuille de route et quelques photos).

Fake Fiction

« Quoi de plus semblable à un rocher qu’un autre rocher? », semblent dire en permanence ses yeux fatigués, alors que l’enquête le mène des centres d’art contemporain de Los Angeles aux ocres saturés du désert de Mojave et à ses patelins aseptisés (avec un crochet ahurissant à Londres), dans un road trip qui emprunte aux codes du genre hollywoodien. De loin, Pierre Bismuth tire les ficelles de ce récit décidément déroutant, et, en même temps qu’il briefe et débriefe le détective maturé, laisse le soin à deux scénaristes hollywoodiens confirmés, Anthony Peckham (Sherlock Holmes) et D.V. DeVincentis (American Crime Story), d’écrire un thriller d’espionnage à gros budget sur base de cette affaire pour le moins farfelue. Difficile de décider ce qui est le plus haletant et le plus absurde, entre les récits entremêlés des recherches de Scott, ses théories fumeuses, ses culs-de-sac, les séances de brainstorming des deux scénaristes et les extraits d’un film qui semble être le résultat de leur travail, où l’on reconnaît Milo Ventimiglia (This Is Us) et Robert Knepper (Prison Break). Avec ce premier film aux airs de « vraie fausse fiction » bien dans l’air du temps, Bismuth s’amuse à réaliser une investigation passionnante et facétieuse, aux frontières de l’expérimentation, du canular et de la démonstration formelle.

Nicolas Bogaerts

JAYNE MANSFIELD, LA TRAGÉDIE D’UNE BLONDE

Documentaire de Patrick Jeudy. ***

Vendredi 29/3, 22h35, Arte.

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« Elle ressemble à la doublure d’une imitatrice de Marilyn Monroe », ironisait la presse après l’avoir vue dans l’un de ses premiers rôles. Tour à tour nymphomane, icône blonde, reine de Broadway, elle a par deux fois fait la Une de Life. Jayne Mansfield, Vera Palmer de son vrai nom, se voyait telle une intellectuelle, était tombée amoureuse de son image, se donnait trois ans pour devenir célèbre à Hollywood et s’en laissait deux de plus pour décrocher un Oscar. Elle ne fut pourtant reconnue que pour sa plastique démesurée. Patrick Jeudy dresse le portrait de l’une des plus célèbres pin-ups de l’Histoire et revient sur le parcours tragique de cette femme en avance sur son temps (elle fut la première actrice de sa notoriété à se montrer nue à l’écran et a eu cinq gosses avec autant d’hommes différents) morte à 34 ans dans un accident de voiture près de la Nouvelle-Orléans. Dommage qu’il laisse tant de place dans son docu à des filles qui rêvent juste de l’incarner… J.B.

WAYNE

Série créée par Shawn Simmons. Avec Mark McKenna, Ciara Bravo, Dean Winters. ****

Disponible sur YouTube Premium.

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Deux ados marginaux lancés plein pot dans un road trip échevelé à l’humour noir et méchant sur fond de rock’n’roll bien graisseux: Wayne évoque furieusement la réponse américaine à The End of the F***ing World, la série anglaise adaptée du roman graphique de Charles S. Forsman. Et diantre, que cette affaire a de l’allure! Dans la foulée d’un Cobra Kai, notamment, ces dix épisodes d’une demi-heure saignants à souhait, mais pas moins tendres et profonds pour autant, achèvent de faire de YouTube Premium, le service d’abonnement payant du géant de l’hébergement vidéo, un pourvoyeur de séries avec lequel il faut désormais compter. « Musta burned like hell! » N.C.

TRIPLE FRONTIER

Thriller de J.C. Chandor. Avec Oscar Isaac, Ben Affleck, Charlie Hunnam. 2h05. ***(*)

Disponible sur Netflix.

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© Netflix

Entre film de casse et survival, J.C. Chandor expédie un commando dans la jungle sud-américaine afin d’y débusquer un narco-trafiquant et sa fortune…

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