Un élément perturbateur

D’Olivier Chantraine, Éditions Gallimard, 280 pages.

7

Aquoiboniste, Serge Horowitz est hostile à toute forme d’engagement. Une partie de jambes en l’air avec l’incandescente Laura sur la photocopieuse? Oui, bon, à la limite. Pour le reste, sa soeur Anièce l’héberge depuis des années et il ne doit son travail de conseiller en optimisation fiscale qu’au réseau de son frère François, Ministre des Finances. Au sein de l’influente autant que secrète Offshore Investment Company, François coince la bulle, attendant que ça se passe. « Et si pour l’instant je ne fais globalement rien, je le fais au milieu des autres. Persuadé qu’un jour quelque chose finira bien par sortir de tout ça. » Pour ne rien arranger, Serge connaît des moments d’aphasie incontrôlable; en pleine négociation avec une société japonaise, incapable d’articuler le moindre mot, il fait capoter l’affaire. Pas sûr qu’il puisse compter sur son médecin pour retrouver la parole: le docteur Muller « a provoqué l’accouchement de Caroline de Monaco en lui donnant malencontreusement un coup de coude lors d’une soirée de gala ». Bref, entre un déplacement au Japon et une mission d’audit au sein d’une usine de boissons dans le Sud, les déconvenues s’enchaînent… Si ce premier roman a parfois la main leste à l’égard de sa bande de winners, Olivier Chantraine fait montre d’un ton satirique pour croquer l’époque -on devient vite le gourou de quelqu’un- fût-ce au prix de l’air du temps (la course à la présidentielle avec La France qui avance). Menée tambour battant, cette comédie foutraque distille un humour acide à la The Office. Son anti-héros, proche à certains égards du Albert JeanJean des frères Podalydès (Dieu seul me voit), se révèle aussi attachant que le sparadrap du Capitaine Haddock. Mille sabords!

F.DE.

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