Benedict

Benedict est une jeune femme qui ne s’accepte pas en tant qu’unité depuis qu’on lui a imposé en Iran le port du hijab. Ce voile empêche sa dualité d’exploser aussi devra-t-elle trouver un subterfuge. Elle a compris que si le sexe masculin était synonyme de domination, de liberté de penser et d’agir, le féminin lui serait toujours inférieur. Devenue Maître Laudes, c’est en « homme » qu’elle donne cours de littérature comparée à l’Université de Lausanne où elle trouble ses étudiants par son aspect androgyne. Et à Téhéran, ce sera en « femme » avec niqab qu’elle subjugue ou hérisse son auditoire. Ce va-et-vient lui est douloureux car elle sait  » que ceux qui la croisent ne perçoivent de son être que ce qu’ils sont en mesure de deviner ou d’entendre, c’est-à-dire peu de chose ». Le roman est construit en deux parties miroir: « Blanc » pour les paysages de la montagneuse Suisse, pour la pureté incontestée de l’homme et « Noir » pour la tyrannie des Mollahs à Téhéran, pour la femme impure. Céline Ladjali a une capacité de sonder l’âme qui la rapproche de Virginia Woolf, pour qui le génie littéraire est androgyne,  » un corps de fille et une âme de garçon ». Une écriture somptueuse au service d’une histoire tourmentée et d’un superbe plaidoyer pour se donner la capacité de maîtriser son destin sans devoir se plier à  » tout ce qui est écrit ».

de Cécile Ladjali, Éditions Actes Sud, 260 pages.

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