Gonzales, Gibson, Tropic: nuit éclectique

Aux Nuits Bota, quand le cinglé de Gonzales donne des leçons de piano au Grand Salon, l’ensorcelante Laura Gibson se sent seule à la Rotonde et les Tropic retournent l’Orangerie…

« J’ai des trucs faciles et qui marchent tout le temps. Genre, en Belgique, je dis que je joue la Brabançonne et je commence la Marseillaise. C’est pas de ma faute si vous avez eu un première ministre stupide. » Vendredi soir, dans l’intimité du musée, avec un bagout qui aurait permis à Jean-Claude Dusse de s’emballer Marilyn Monroe, Chilly Gonzales en peignoir fait de l’humour. Gonzales, c’est moins un concert qu’un one man show. Et en même temps, on ne va pas tirer sur le pianiste. Comme les trois quarts des groupes ont la présence d’une moule cuite sur scène et puisque les comiques d’aujourd’hui ont la vanne en berne, ses leçons de piano font plus que leur effet. Entre un hommage aux Beastie Boys, réclamé par le public (Gonzales aime jouer sur commande), des variations sur le thème de Rocky (Eye of the Tiger) ou le Fields of Gold de Police, le mec qui détient le record du concert le plus long en solo fait l’acrobate, grimpe sur son piano et joue avec les pieds. C’est drôle, bon esprit, plein d’autodérision. Un bon moyen de fêter son 2e Solo Piano.

Il y a nettement moins de monde du côté de la Rotonde pour se laisser bercer par Laura Gibson. Et pourtant… Avec ses musiciens comme en solo, la singer songwriter de l’Oregon fait honneur à La Grande, son remarquable troisième disque. Tient la dragée haute aux Alela Diane et autres fées du folk grâce à une voix ensorcelante et magique. La trentenaire reprend In the Pines, plus connu sous le nom de Where Did You Sleep Last Night. Classique américain popularisé par Nirvana et qui remonteraient au moins aux années 70. 1870. L’ambiance, le silence presque religieux, tranchent avec le Chapiteau plein à craquer où The Rapture, qui soit dit en passant a mal tourné, balance son vieux House of Jealous Lovers. C’est toujours ça de pris.

L’an dernier, il ouvrait lors de ces mêmes Nuits, et dans cette même Orangerie, pour les Black Lips. Cette année, fort de son album (Liquid Love) avec Jon Spencer et de la réputation qu’il s’est taillée sur les routes à coup de prestations électriques et décadentes, l’Experimental Tropic Blues Band se fait tête d’affiche. On a les fans qu’on mérite. Ceux des Tropics sont agités, transpirants, assoiffés, exhibitionnistes (on n’est plus à une paire de fesses près) et mettent un bon petit bocson au rythme du rock’n’roll déglingué du trio liégeois. Dirty Coq (un surnom trouvé par tonton Jon) « bluese » en français dans le registre Reverend Beat-Man. Déplore, écho à ses mésaventures lessinoises, qu’aujourd’hui quand on veut fumer un joint, faut être sûr de ne pas conduire le lendemain. Sex Games, Best Burger, le Garbage Man des Cramps… Crash test réussi haut la main.

Julien Broquet

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