Cannes, le film du jour (6): Holy Motors, de Leos Carax

© Imageglobe

Fulgurant et bouffon à la fois, Holy Motors est un film de toutes les audaces. Bouleversant.

L’on n’attendait plus guère Leos Carax, dont le dernier long métrage, Pola X, remontait à 1999, et dont la participation au film collectif Tokyo avait laissé pour le moins perplexe. C’est dire aussi la curiosité suscitée par Holy Motors, film ajoutant à l’énigmatique personnalité de son réalisateur, un casting pour le moins éclectique -l’incontournable Denis Lavant, bien sûr, mais encore Kylie Minogue, Eva Mendes ou la divine Edith Scob. Et qui -doux euphémisme!- a profondément divisé la Croisette.

S’ouvrant sur un prologue lynchien installant le spectateur face à l’écran de la vie, le film retrace ensuite une journée de l’existence de Monsieur Oscar (Lavant), un individu endossant des vies successives au fil de ses rendez-vous. Et d’adopter l’identité d’une mendiante, d’un financier, d’une gargouille arpentant cimetières et égouts, d’un cyber-lover, d’un père, d’un accordéoniste et l’on en passe, pour ce qui ressemble bientôt à un étrange zapping à la surface du monde et de ses vacillements, jusqu’à tutoyer le néant.

Pied-de-nez à tous les conformismes, films de toutes les audaces, narratives comme esthétiques, le film de Carax ne recule devant rien, et pas même quelques passades ridicules (l’épisode Eva Mendes, top model arraché à un shooting au cimetière du Père Lachaise, pour une reconversion ahurissante) ni l’adoption, en diverses occasions, d’une esthétique au futurisme fané dans les replis du siècle dernier. Mais si ses outrances tiennent de la bouffonnerie, Holy Motors est aussi traversé de somptueuses fulgurances -ainsi, notamment, de l’épisode réunissant Lavant et Kylie Minogue dans les combles de la Samaritaine, pour ouvrir ensuite sur de bouleversants horizons. De fait, si le film balaie l’histoire du Septième art, d’Etienne-Jules Marey à Georges Franju; des musicals à Planet of the Apes, il semble également aussi porter son propre deuil, au son du Revivre de Gérard Manset. Les chants les plus désespérés sont aussi parfois les plus beaux.

Jean-François Pluijgers

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