Critique BD : Le Montespan

Romancier sans pareil quand il s’agit de redonner vie à des personnages historiques, Jean Teulé voit son Montespan adapté en BD. Gaudrioles et frasques royales en vue.

Avec la série Linda aime l’art , le dessinateur Philippe Bertrand mettait en scène une pin-up moderne dans un immeuble qui l’était tout autant. Cela donnait un dessin carré, très géométrique dans lequel l’angle régnait en maître. Le retrouver à l’adaptation d’un roman historique qui se déroule à l’époque de Louis XIV est donc, pour le moins, surprenant.  » Je dois bien avouer que le nom de Philippe, qui est un vieux copain, n’était pas le premier dans ma liste, précise Jean Teulé. Mais quand j’ai appris qu’il avait envie de faire quelque chose d’historique et de dessiner à la manière des gravures du XVIIe siècle, je me suis dit que tout tombait pile. Au final, je trouve qu’il signe avec Le Montespan son chef-d’oeuvre et je suis enchanté que ce soit sur moi que ça tombe ! « 

De fait, le trait et le découpage imaginé par Bertrand collent parfaitement à l’histoire du plus célèbre cocu de France. Marié à la Marquise de Montespan – la plus belle femme de l’Hexagone, selon les critères de l’époque -, le pauvre Henri se fait rapidement ravir sa belle qui devient la célébrissime maîtresse de Louis XIV. Alors qu’il aurait dû s’écraser et s’enorgueillir que sa femme devienne la favorite du Roi Soleil, Henri de Montespan entre en guérilla contre son souverain. Faisant placer des cornes à l’avant de son carrosse ou tentant de choper des maladies vénériennes pour les refiler à Louis, à la manière de Cyrano de Bergerac, le mari trompé multipliera les coups d’éclat rocambolesques pour crier son amour à la face du monarque et de son royaume. En vain. Jusqu’à sa mort, l’homme restera fidèle à sa femme adultère, au point que l’on finit l’album en se demandant si le Montespan, en guise de cocu magnifique, n’est pas plutôt un solide couillon indécrottable?

Quant à reprendre un jour le crayon, Teulé (qui a publié 11 albums avant de se tourner vers la télé pour animer L’Assiette anglaise ) n’y pense même pas.  » Les dessinateurs chargés d’adapter mes histoires le font avec talent. Pourquoi irais-je me fatiguer à les concurrencer? » Du coup, ils seront plusieurs à signer prochainement les adaptations de Je, François Villon et Le magasin des suicides . Si les BD sont aussi captivantes que les romans, et aussi imaginatives que cette première adaptation, on peut déjà annoncer quelques bonnes heures de lecture.


Vincent Genot

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