Nuit sur la neige

Septembre 1935, l’Europe est sur les nerfs, la gauche abandonne son pacifisme, la droite son rêve de conciliation entre les peuples. Orphelin de père et enfant unique, pétri de la peur de déplaire et ignorant de la mécanique des corps, Robin rêve d’aimer de passion, comme une midinette. Lors de ses classes préparatoires chez les Jésuites, il rencontre le mystérieux Conrad, perché sur un quant-à-soi qui le rend inaccessible. Pour fuir les mauvaises fièvres qui minent le pays, ils partent skier dans un pauvre village de Haute Tarentaise du nom de Val-d’Isère, dont quelques visionnaires imaginent qu’il pourrait devenir une grande station de ski alpin. Les six jours qu’ils y passent marqueront Robin à vie. Dans ce court roman d’apprentissage, les grands inquiets sont aux aguets, l’éblouissement amoureux se pique d’une élégance feutrée et le déterminisme social hante la coulisse: on sirote un Martini tandis que la tuberculose s’acharne sur de « petites bonnes que l’on renvoyait aussitôt dans leurs foyers (…). » Avec un savoir-faire à la française où couve ce je-ne-sais-quoi -on pense au cinéma de Chabrol et des frères Larrieu-, Laurence Cossé distille un conte cruel (ils le sont tous) tiré au cordeau, excellant dans le planter de bâton, de décor, des banderilles. « Si tu crois que ça m’amuse de t’ouvrir les yeux à la lame de rasoir… »

De Laurence Cossé, ÉDITIONS Gallimard, 144 pages.

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