Le Train d’Erlingen ou La Métamorphose de Dieu

Dans un labyrinthe narratif frôlant souvent l’inextricable, l’auteur algérien Boualem Sansal semble prendre plaisir à égarer son lecteur avec une double histoire mi-fiction mi-réalité. Il affiche surtout l’ambition d’interroger des thématiques aussi vastes que les migrations, le fanatisme religieux, la folie consumériste et le colonialisme. En découle un ouvrage dense, dont la virtuosité littéraire, difficile à mettre en doute, souffre de la conscience trop pleine de cette virtuosité, qui pousse l’auteur à ne rien s’interdire, jusqu’à parfois s’embarquer si loin, de manière si subtile (sinon obscure) qu’on peine à l’y suivre. Ainsi, dans la première partie ( » La Réalité de la métamorphose ») , une baronne allemande compile depuis une ville assiégée par « les Serviteurs » des lettres à sa fille Hannah, ainsi que des notes pour un roman futur portant sur les exactions de leur famille de conquérants industriels. Dans la seconde partie ( « La Métamorphose de la réalité »), des lettres et pistes exploratoires d’un livre s’échangent entre une mère victime collatérale du 13 novembre 2015 à Paris, sa fille et d’anciennes connaissances de la première. Au bout du compte, le propos sur les thématiques-phares de l’auteur (l’Islam, le capitalisme) oscille systématiquement entre pesanteur plombée et hauteur de vue.

de Boualem Sansal, éditions Gallimard, 256 pages.

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