Bertrand Cantat

« Amor Fati »

Alors qu’un membre de Noir Désir reconnaissait dans Le Point, sous le couvert de l’anonymat, avoir été conscient comme beaucoup d’autres du comportement violent de Bertrand Cantat avec ses compagnes avant qu’il ne donne la mort à Marie Trintignant, le chanteur de Noir Dés sortait la semaine dernière Amor Fati. Premier album solo au titre interpellant puisqu’il signifie ni plus ni moins en latin que « l’amour du destin ». Il y avait déjà L’Angleterre, encombrant single (musicalement et textuellement) sur le Brexit et les migrants. « Tu peux crever dans la jungle (à prononcer à l’anglaise), on en a rien à foutre de ta gueule. » Passons. Silicon Valley, sombre et inquiétant, s’en prend à Google et ses algorithmes. Aujourd’hui s’attaque aux politiciens (« Dans la série des baltringues, on a un choix de dingue (…) On célèbre du lisse, du faux neuf, du Narcisse »)… Amor Fati est un disque engagé. Mais enregistré entre le Sud-Ouest de la France, le Chili et Berlin, fabriqué comme l’album de Détroit en compagnie de Pascal Humbert et Bruno Green (avec la trompette d’Erik Truffaz), c’est aussi un album intime et personnel. Et au-delà de ses rimes parfois un peu pauvres, c’est là que le bât blesse. Que naît le malaise. Avec des envolées comme « mais toi pour t’aimer fallait être dingue à s’en faire péter la carlingue », on ne peut s’empêcher de cogiter. On aimerait pouvoir séparer la vie de l’homme et le parcours de l’artiste, mais c’est impossible. « Humilié, 100 fois tombé à terre, 100 fois se relever. Et si tu l’aimes, la poussière, tu vas te régaler. Bam Bam ton coeur explose. Et si tu l’oses, ramène ta prose. Augmente la dose. C’est sûr, ils aimeront pas, ils diront que t’as pas le droit… » Déplacé? Egocentré? « Ce qui est est », martèle Cantat sur le titre qui a donné son nom à l’album. De là à se l’infliger…

Distribué par Universal.

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