Ballade pour un bébé robot

Ballade pour un bébé robot fait référence à une chanson de Mama Béa Tekielski, artiste française tombée complètement dans l’oubli. Cédric Villani et Baudoin (déjà associés sur Les Rêveurs lunaires) la ressuscitent de manière allégorique au travers d’une enquête policière futuriste menée par deux androïdes de la planète New Earth, sur laquelle toute référence à l’Histoire et à la culture des Terriens -leurs créateurs- est interdite. Cependant, certains robots se revendiquant de cet héritage projettent de renverser le pouvoir autoritaire. Les deux enquêteurs tombent sur une conversation entre rebelles tenue dans une langue sonore humaine dont l’empreinte rocailleuse est celle de Mama Béa. Le prétexte scénaristique est trouvé pour plonger les robots -et le lecteur à travers eux- dans le riche passé de l’humanité. Au fur et à mesure de l’avancement de l’enquête, les deux androïdes sont confrontés à leurs propres doutes, remettant en question, au péril de leur existence, les règles et les lois de New Hearth. Cédric Villani, mathématicien médaillé Fields et député dans le gouvernement Macron, ici scénariste, est tombé dans le piège du tout dire et du tout transmettre en même temps, au risque de noyer l’intrigue. Le résultat est indigeste. Il passe en revue la bio de tous les grands scientifiques mathématiciens, depuis la période hellénistique jusqu’à aujourd’hui. Il poursuit avec un cours d’Histoire de l’art et de philo où la France occupe, évidemment, une place centrale. À ce stade, il a déjà perdu la moitié de ses lecteurs… Il continue pourtant en enfonçant des portes ouvertes avec une vision idéaliste poético-naïve de l’humanité et des réflexions dignes d’une miss Univers débitant son discours consensuel sur la guerre et la paix dans le monde. Et c’est d’autant plus frustrant que le dessin de Baudoin est sublime! La SF, genre dans lequel on ne l’attendait pas, libère le trait du dessinateur, qui nous livre ses plus belles pages de bande dessinée. Dommage!

Ballade pour un bébé robot

De Cédric Villani et Baudoin, éditions Gallimard, 248 pages.

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