Mort de René Pétillon, dessinateur de « L’Enquête corse » et satiriste décalé

© Dargaud
FocusVif.be Rédaction en ligne

Auteur de la BD à succès « L’Enquête corse » et fin satiriste de la politique française pour l’hebdomadaire Le Canard enchaîné, le dessinateur René Pétillon est mort dimanche à l’âge de 72 ans.

« Son humour acéré, impitoyable, légèrement décalé et néanmoins pas dénué de tendresse (faisait) mouche à tous coups », ont souligné les éditions Dargaud dans un communiqué annonçant son décès des suites d’une « longue maladie ». Regard bleu profond, épais sourcils blancs, Pétillon était le père de Jack Palmer, un détective un peu bêta au gros nez et à l’imperméable trop grand.

Créé en 1974, son personnage fétiche a valu à Pétillon la reconnaissance du grand public un quart de siècle plus tard. En 2000, l’une de ses aventures, « L’Enquête corse », est un énorme succès de librairie et reçoit le Prix du Meilleur album en 2001 au Festival d’Angoulême. Cette BD, qui moque avec une égale tendresse les Corses et les « pinzuti » (les continentaux), est ensuite portée au cinéma par Alain Berberian en 2004, avec Christian Clavier dans le rôle de Palmer. « RenéPétillon était un homme très drôle et d’une grande finesse; c’est une grande tristesse de le voir partir. La BD perd un Grand », a salué cet acteur sur Twitter. « Riposa in Pace » (« Repose en paix »), a écrit le président de l’Assemblée de Corse, Jean-Guy Talamoni, une figure indépendantiste.

« Le succès de cet album m’a abasourdi », racontait Pétillon à l’AFP en 2013, encore surpris d’avoir été fait citoyen d’honneur de la ville de Bastia, dans le nord de la Corse, grâce à cet ouvrage. Il assurait s’être « régalé » en écrivant les aventures de Palmer sur l’île de Beauté, lui qui utilisait beaucoup « la mauvaise foi » en tant que ressort comique de ses dessins. Parallèlement à la BD, Pétillon, Grand prix du Festival d’Angoulême en 1989, était aussi une vedette de la satire politique, grâce à son travail pour le Canard enchaîné. Il y était entré en 1993 avant de mettre fin à sa collaboration avec l’hebdomadaire l’an passé, a rappelé Dargaud, selon lequel Pétillon était « un des grands portraitistes de la société française ».

Originaire de Lesneven, au nord de Brest (Bretagne), et issu d’une famille catholique traditionnelle, Pétillon était fasciné par l’image depuis sa plus tendre enfance. Ce fils de boulanger l’avait passée à dévorer les Tintin et les Spirou. Après son service militaire en Allemagne, il rejoint Paris. Il essuie de nombreux refus pour ses dessins et enchaîne les petits boulots (magasinier, livreur, coursier, etc.). Finalement, ses premiers dessins paraissent en 1968 dans Planète, Plexus et l’Enragé. Sa première bande-dessinée sort en 1972 dans Pilote, « un récit de six pages intitulé +Voir Naples et mourir+ », a rappelé Dargaud. Deux ans plus tard, c’est la naissance de Jack Palmer. Avant son entrée au Canard enchaîné, Pétillon dessine dans l’Echo des Savanes, VSD, Métal Hurlant ou Le Matin de Paris.

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