Critique | Livres

Aâma

Laurent Raphaël
Laurent Raphaël Rédacteur en chef Focus

SCIENCE-FICTION | La Suisse a d’autres trésors que ses montagnes, ses banques ou ses fondues. Ses auteurs de BD par exemple.

DE FREDERIK PEETERS, ÉDITIONS GALLIMARD, 88 PAGES. ***

SCIENCE-FICTION | La Suisse a d’autres trésors que ses montagnes, ses banques ou ses fondues. Ses auteurs de BD par exemple. Le plus connu étant bien sûr Zep, le père comblé de ce galopin de Titeuf. Mais il y a aussi, au rayon indé, Frederik Peeters. Adepte d’une narration à infusion lente, il nous régale depuis une dizaine d’années avec des sagas gambadant sur le gazon soyeux de l’intimité comme Pilules bleues ou celui, plus minéral, des confins de l’espace comme Lupus. Dans la foulée du thriller métaphysique Château de sable, encore un ovni, il mettait sur orbite fin 2011 le premier tome d’une nouvelle aventure dopée à la SF psychotrope façon Métal Hurlant, Aâma.

Une louche de Bradbury, une autre de Valérian, une dernière de Moebius pour cette saga humaine et poétique voyant deux frères que tout oppose, flanqués de Churchill, un singe cybernétique tueur, s’envoler vers une planète stérile éloignée pour récupérer aâma, un produit révolutionnaire qui permet d’accélérer le développement de la vie et qu’une colonie de scientifiques était partie tester loin des yeux. Le deuxième tome qui sort aujourd’hui poursuit dans la même veine que le premier. Le puzzle se reconstruit au gré des flash-backs régurgités à la lecture de son journal par Verloc, le frangin loser, devenu amnésique à la suite d’un événement dont on ignore tout mais qui l’a laissé seul avec Churchill. Que s’est-il passé? La nature s’est-elle rebellée? Personne ne le sait vraiment à la fin de cet épisode aux relents métaphysiques. Pas même Peeters sans doute, qui ne s’est pas fixé de carcan pour cette série. C’est à la fois la force et la limite de l’entreprise. Il évite les raccourcis fumeux et prend son temps pour éplucher les couches de son récit complexe. Mais il ne faudrait pas qu’il s’enlise dans le ventre mou d’une narration distendue. Il nous a mis deux fois l’eau à la bouche. Il est temps de la rincer maintenant…

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