Critique

[Le nanar de la semaine] Bohemian Rhapsody, d’une affligeante médiocrité

Rami Malek est Freddie Mercury dans Bohemian Rhapsody. © Twentieth Century Fox/New Regency
Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

BIOPIC | Ayant connu une histoire mouvementée, le biopic consacré à Freddie Mercury se révèle, à l’autopsie, d’une affligeante médiocrité. Beaucoup de bruit pour rien…

C’est peu dire que Bohemian Rhapsody, le biopic consacré à Freddie Mercury, ci-devant chanteur de Queen, a connu une histoire mouvementée. Choisi à l’origine du projet, en 2010, pour incarner la star, Sacha Baron Cohen devait finalement jeter l’éponge, conséquence de divergences artistiques avec les trois membres survivants du groupe, peu enclins à le laisser évoquer sans tabous la vie du chanteur, mort du sida en 1991. Si Ben Wishaw fut un temps pressenti, c’est finalement à Rami Malek, pilier de la série Mr. Robot, que le rôle a échu -un casting tenant la route. Même cacophonie côté réalisation puisque bien que seul crédité au générique, Bryan Singer a été débarqué du tournage, à charge pour Dexter Fletcher de mener l’entreprise à bon port. À l’impossible, nul n’est tenu cependant, et le réalisateur de Eddie the Eagle n’a pu éviter le naufrage d’un film d’une affligeante médiocrité.

Portrait lissé

[Le nanar de la semaine] Bohemian Rhapsody, d'une affligeante médiocrité

Que l’on apprécie Queen ou pas, difficile de nier au quatuor britannique un certain panache, jusque dans le mauvais goût et la démesure, ce panache dont est cruellement dénué ce film biographique que l’on jurerait avoir été écrit par un boy-scout sous Tranxène. Soit donc l’histoire de Farrokh Bulsara bientôt rebaptisé Freddie Mercury, bagagiste à l’aéroport de Heathrow rejoignant, à l’orée des années 70, un combo répondant au nom de Smile, patronyme promptement changé en Queen, l’une des étapes de la marche vers la gloire que concrétiseront les albums A Night at the Opera (dont est extraite la chanson qui donne son titre au film) et A Day at the Races, bientôt suivis des tubes We Will Rock You, We Are the Champions et autres -ou comment passer, en une décennie, de l’opéra rock pompier au rock de stades pompant. Non sans décliner sur tous les tons le triptyque sex and drugs and rock’n’roll, la légende prêtant à Mercury son lot d’extravagances en mode déjanté.

Rien de cela à l’écran cependant, Bohemian Rhapsody édulcorant les frasques plus ou moins sulfureuses en un improbable « divertissement » familial ne faisant qu’approcher à bonne distance le rock’n’roll circus, ravalé à quelques groupies, l’alcool et les drogues d’usage, des batailles d’ego stériles et la timide évocation de sexcapades -des broutilles, en somme. Le film n’est guère plus concluant s’agissant du processus créatif ramené à une simple péripétie, accidentelle le plus souvent. Quant au charisme qui fit de Mercury l’une des plus grandes stars de son temps en plus d’une icône gay, il n’est perceptible que sporadiquement -lors de la recréation du concert du live aid ponctuant l’affaire en particulier. Pas sûr que les fans adhèrent à ce portrait lisse jusqu’à l’insignifiance, les autres pouvant allègrement considérer l’acquisition de boules Quies. Mais soit, The Show Must Go On

De Bryan Singer. Avec Rami Malek, Lucy Boynton, Ben Hardy. 2h14. Sortie: 31/10. °

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