Critique

[Le film de la semaine] Three Billboards Outside Ebbing, Missouri, de Martin McDonagh

Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

DRAME | Le premier choc cinématographique de l’année, avec une distribution étincelante.

[Le film de la semaine] Three Billboards Outside Ebbing, Missouri, de Martin McDonagh

Tout commence lorsque, avisant trois panneaux publicitaires géants à l’abandon à l’entrée de la petite ville de Ebbing, Missouri, Mildred Hayes (Frances McDormand), une femme du cru dont la fille a été violée et assassinée sept mois plus tôt, décide de les louer afin d’adresser un message cinglant au chef de la police locale, Bill Willoughby (Woody Harrelson). Et de lui intimer, sans plus y mettre les formes, d’enfin se secouer pour faire avancer l’enquête, toujours au point mort. C’est peu dire que les panneaux font leur petit effet, suscitant des réactions contrastées au sein de la population, le « chief » Willoughby étant apprécié de tous, un peu plus encore dès lors qu’il souffre d’un cancer en phase terminale. Il en faut plus toutefois pour décourager Mildred, peu encline à s’en laisser conter, et farouchement déterminée à mener son combat à son terme, n’en déplaise à Jason Dixon (Sam Rockwell), assistant zélé mais quelque peu limité du shérif, et concentré de redneck pur jus…

Suintant la réalité américaine de chaque plan, Three Billboards a pourtant été réalisé par un Britannique, son auteur n’étant autre que Martin McDonagh, cinéaste anglo-irlandais révélé, il y a une petite dizaine d’années, par In Bruges, une comédie noire joliment enlevée. S’il manie toujours l’humour acide avec un même bonheur, le réalisateur voit aussi son propos gagner en ampleur, à la faveur d’un drame sinueux oscillant entre polar et western -Mildred Hayes n’est pas sans évoquer… John Wayne- pour livrer une radiographie aiguisée de l’Amérique profonde. Une entreprise conduite avec maestria, à la qualité d’un scénario finaud, s’appuyant sur une écriture millimétrée pimentée de dialogues pas piqués des hannetons, répondant le souffle de la mise en scène, le film maintenant un cap passionnant de bout en bout. Étincelante, la distribution n’y est bien sûr pas étrangère, et si Sam Rockwell trouve là un rôle à même de frapper les esprits, Frances McDormand s’offre pour sa part une prestation quatre étoiles, sa présence entérinant par ailleurs le lien objectif entre Three Billboards et le Fargo des frères Coen. C’est dire si l’on est ici en fort bonne compagnie; le premier choc cinématographique de l’année.

De Martin McDonagh. Avec Frances McDormand, Woody Harrelson, Sam Rockwell. 1h55. Sortie: 10/01. ****

>> Lire également nos interviews de Martin McDonagh et Sam Rockwell.

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