No Offence, Snow Therapy, Top of the Lake… 10 choses à voir à la télé cette semaine

Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Des films, des séries, des documentaires: le point sur ce qui vaut le détour à la télé, du 2 au 8 décembre.

QUAND LA NOSTALGIE FAIT RECETTE

Documentaire de Martin Blanchard. ***(*)

Dimanche 3/12, 20h50, France 5.

No Offence, Snow Therapy, Top of the Lake... 10 choses à voir à la télé cette semaine
© DR

Les uns fabriquent des produits ménagers vintage sur lesquels travaillent en laboratoire des chimistes. Les autres ont ouvert un rétro camping dans les contreforts des Pyrénées. Oui, la nostalgie fait recette. À Tourves, on célèbre même les bouchons le temps d’une reconstitution. Celle d’un embouteillage au temps des Trente Glorieuses. Quand la Nationale 7 était la seule voie rapide emmenant les vacanciers vers la Côte d’Azur. Quand le coeur des villages était le théâtre d’incroyables pagailles automobiles… Martin Blanchard se promène au marché de la mode rétro à Lyon, visite une fabrique de vinyles et interroge ces amoureux du passé et de son petit supplément d’âme, gardiens à leur manière de l’Histoire et de la tradition. On croise une cinglée du Formica (ce plastique stratifié qui squattait l’intérieur de nos grands-parents ) et un addict du Polaroid qui a racheté des stocks de films et des appareils photo de dentiste ressemblant à des radars automatiques. Un docu sans prétention mais plutôt bien foutu.

J.B.

L’HERMINE

Comédie dramatique de Christian Vincent. Avec Fabrice Luchini, Sidse Babett Knudsen, Eva Lallier. 2015. ***(*)

Lundi 4/12, 20h20, La Une.

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Admirateurs de Fabrice Luchini, bloquez cette soirée sur la Une! Votre comédien préféré est à l’affiche de deux films successifs, avec aussi Alceste à bicyclette (2013) de Philippe Le Guay et avec Lambert Wilson, programmé à 22 heures 10. Dans L’Hermine, qui ouvre le feu dès 20 heures 20, Luchini joue un juge sévère et redouté, aux verdicts d’une lourdeur légendaire. Une cour d’assises à présider dans une ville de province l’amène à retrouver une femme qu’il a naguère beaucoup aimée. Ditte (superbement interprétée par Sidse Babett Knudsen) est membre du jury. Une situation inédite et complexe, qui va faire apparaître les fragilités du magistrat et multiplier les enjeux d’un procès qui ne sera pas, vraiment pas, comme les autres. Joliment écrit et réalisé par Christian Vincent, L’Hermine est un petit régal. Il offre à Luchini un de ses meilleurs rôles.

L.D.

NO OFFENCE, SAISON 2

Série créée par Paul Abbott. Avec Joanna Scanlan, Alexandra Roach, Elaine Cassidy, Will Mellor, Colin Salmon. ****

Lundi 4/12, 20h55, France 2.

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Planqués dans une cabine des toilettes du commissariat, les détectives Dinah Kowalska et Joy Freers discutent avec l’agent Tanner, tentent de relier les points d’une complexe affaire d’enlèvement. L’arrivée soudaine d’une personne venue se soulager les force au silence et aux fous rires étouffés. De l’autre côté de la paroi, leur supérieure, l’inspecteur principal Vivienne Deering coule son bronze en chantant à tue-tête. No Offence donnait le ton dès son premier épisode: le cru et l’irrévérence alliés à l’intelligence est l’apanage des comédies britanniques, comme l’avaient déjà prouvé Fleabag et Shameless. Cette dernière est d’ailleurs également l’oeuvre de Paul Abbott, qui aborde ici le quotidien de la Manchester Metropolitan Police, sous la férule d’une Deering (Joanna Scanlan) qui parle et agit sans filtre et a sous ses ordres une troupe bizarrement assortie, dont le taux d’élucidation des affaires tient du miracle ou du génie (Alexandra Roach est d’une candeur lunaire absolument irrésistible dans le rôle de la détective Freers). Les personnages, leur environnement social, les questions d’actualité sont écrits, posés avec pré- cision et pertinence. La rigueur du script, réglant les scènes jusque dans les moindres détails, finit de donner une sérieuse crédibilité à cette série dont la dérision et l’humour balaient tout sur leur passage.

N.B.

SÉCURITÉ NUCLÉAIRE: LE GRAND MENSONGE

Documentaire d’Éric Guéret. ***(*)

Mardi 5/12, 20h50, Arte.

No Offence, Snow Therapy, Top of the Lake... 10 choses à voir à la télé cette semaine
© DR

« Le nucléaire est l’énergie la plus propre au monde ». Ce refrain entendu depuis des décennies dans la bouche de spécialistes liés à cette industrie commence tout doucement à dissoner. Et sa petite musique qui tourne en boucle ressemble de plus en plus à une mauvaise méthode Coué, d’autant plus flippante qu’elle souffre peu les remises en question. Et pourtant, depuis Tchernobyl et Fukushima, la sûreté nucléaire n’est plus un sujet inviolable, elle s’invite dans les préoccupations qui ne sont plus uniquement celles des écologistes ou des activistes de Greenpeace. Classée secret défense, la sécurité des installations est un domaine opaque, caché derrière un épais nuage de mystère et de non-dits. L’enquête sur les attentats de Bruxelles de mars 2016 a révélé aux yeux des plus dubitatifs que les centrales nucléaires constituaient des cibles potentielles. Diablement vulnérables à la plus triviale des tentative d’intrusion, elles peuvent se muer en armes de destruction massive. Bizarrement, en relevant les multiples failles de nos installations en termes de sécurité (on ne parle même pas ici des fissures, des incendies et autres incidents qui se répètent à un rythme délirant en Belgique depuis plusieurs années), des attentats-suicides aux drones (des images particulièrement choquantes montrent certains dispositifs testés en Syrie par l’État islamique) en passant par des bombes artisanales, le documentaire se mue en un vade-mecum exhaustif, un petit manuel à l’usage du parfait saboteur. Et perd en force de persuasion ce qu’il gagne en sensationnalisme.

N.B.

SNOW THERAPY

Drame de Ruben Östlund. Avec Johannes Kuhnke, Lisa Loven Kongsli, Clara Wettergren. 2014. ****

Mardi 5/12, 21h20, La Trois.

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À l’heure où sa Palme d’or cannoise, The Square, s’affiche au grand écran, la Trois vise juste en programmant le film précédent de Ruben Östlund, un Snow Therapy moins satirique et léger mais sans doute (encore) meilleur. Nous y suivons une famille suédoise en vacances de ski dans les Alpes. Le père, la mère, deux jeunes enfants. Tous beaux et blonds, respirant l’aisance et l’harmonie. Sauf qu’une avalanche se produit alors qu’ils dé- jeunent en terrasse. Et que, pris de panique, le papa prend la poudre d’escampette alors que la maman reste avec les enfants pour les protéger. L’avalanche s’arrêtera juste à temps, il y aura -comme on dit- plus de peur que de mal. Oui, mais la fuite de l’homme, même brève, même par réflexe de survie, a changé quelque chose. La surface de bonheur exemplaire, immaculée comme la neige tout autour, se craquelle désormais… Observateur hors pair des moeurs de ses contemporains, Östlund filme avec art et (juste) distance une situation humaine distillant un puissant malaise. L’envers sombre de notre société d’apparence l’inspire décidément!

L.D.

LES DIPLOMATES DU PAPE

Documentaire de Constance Colonna-Cesari.***(*)

Mardi 5/12, 22h15, La Une.

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Depuis le VIIIe siècle, lorsque Pépin le Bref, père de Charlemagne, appuya au moyen d’un faux, la « donation de Constantin », l’établissement d’une assise territoriale au Vatican en échange du soutien à ses prétentions royales, le Saint-Siège est un état -ce qui fut confirmé une fois pour toutes par les accords du Latran entre Pie XI et Mussolini, en 1929. Le catholicisme est la seule religion jouissant de prérogatives diplomatiques pleines et entières, lui permettant de faire jeu égal avec les autres nations du monde. Sa diplomatie dessine une politique étrangère particulièrement puissante et l’arrivée à sa tête de François, premier pape latino-américain a marqué un tournant. Syrie, Venezuela, crise des migrants, ce documentaire essentiellement pro domo décrit par le menu les mécanismes bien rôdés d’une diplomatie redoutablement efficace et particulièrement discrète, dont l’action culmine avec les nouvelles relations entre les USA de Barack Obama et le Cuba de Raúl Castro, ici dévoilées non sans un brin d’autocélébration.

N.B.

JOHNNY HALLYDAY, LA FRANCE ROCK’N’ROLL

Documentaire de Jean-Christophe Rosé. ***(*)

Jeudi 7/12, 20h30, La Une.

No Offence, Snow Therapy, Top of the Lake... 10 choses à voir à la télé cette semaine
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Johnny Hallyday est mal en point. Il y a peu, il faisait encore la une de Charlie Hebdo dans une chambre d’hosto, intubé par quasi tous les orifices. « Johnny laisse tomber le rock et se met à l’électro. » Rongé par un cancer du poumon, récemment hospitalisé pour détresse respiratoire, l’ancienne idole des jeunes se fait vieux à 74 ans, et ne sera pas là ad vitam aeternam pour raconter les débuts du rock en France. C’est sans doute ce qui fait le plus grand intérêt de ce documentaire écrit et réalisé par Jean-Christophe Rosé: sa valeur presque testamentaire. On est le 27 avril dernier, à Los Angeles, au studio Apollo. L’homme aux 110 millions d’albums vendus n’a pas envie de parler mais il le fait quand même. Longuement. Sincèrement. Comme s’il imaginait se soumettre à l’exercice de l’interview pour la dernière fois. Jean-Philippe Smet revient sur ses débuts, a du mal à évoquer son père mais retrace son enfance dans une famille où on mange de la viande à peine une fois par mois. Il se souvient du succès qui lui a permis de sortir les siens du désoeuvrement, de ceux qui voulaient faire de lui un chanteur-acteur comme Elvis. Parce que Johnny Hallyday, la France rock’n’roll, c’est surtout Johnny raconté par Johnny. Rythmé par de nombreuses et parfois savoureuses images d’archives et bercé par la voix de Richard Berry. Il n’y a pas de grand génie ici mais des histoires de dingue. Le crash d’avion qu’il évite parce qu’il arrive en retard à l’aéroport. Sa fausse rivalité avec Antoine. L’arrivée des Beatles. Le Johnny Circus aussi, tournée itinérante qui fut un fiasco et dont il eut du mal à se remettre financièrement. Puis ses accointances avec Sarkozy et ses démêlés avec le fisc. Johnny raconte aussi les autres. Sa rencontre avec Godard. Michel Berger, « méticuleux et délicat ». Jean-Jacques Goldman « pour qui monter sur scène était un supplice ». Puis évidemment Jacques Brel, « un chanteur de blues »,qui passait le chercher avec son petit avion pour l’emmener déjeuner. De vieux documents audiovisuels le montrent en train de donner un concert en prison. Lui qui, disait-il, aurait pu terminer derrière les barreaux si la musique ne l’avait sauvé. Un mythe se met à nu.

J.B.

TOP OF THE LAKE

Série dramatiaque de Jane Campion, réalisation Jane Campion et Ariel Kleiman. Avec Elisabeth Moss, Gwendoline Christie, Nicole Kidman. Six épisodes d’une heure. ****

À partir du 7/12, 20h55, sur Arte.

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Quatre ans après la première saison, Jane Campion redéploie l’univers sombre et tortueux de Top of the Lake à Sidney, où Robin Griffin -Elisabeth Moss, exceptionnelle- plonge en eaux troubles en tentant d’élucider le meurtre d’une jeune asiatique…

>> Lire notre article avec e.a. l’interview de Jane Campion.

LIAR

Série créée par Harry et Jack Williams. Avec Joanne Froggatt, Ioan Gruffudd, Zoe Tapper, Warren Brown. ****

Jeudi 7/12, 21h00, TF1.

No Offence, Snow Therapy, Top of the Lake... 10 choses à voir à la télé cette semaine
© DR

Sous-titrée La Nuit du mensonge, la série des frères Williams a été lancée en septembre dernier sur la chaine Sundance TV, en pleine zone de turbulences Trump-Weinstein, alors que la société américaine était secouée par les débats sur le harcèlement sexuel, la culture du viol et la difficulté pour les victimes de faire valoir leur version des faits. Liar aborde la question de manière symétrique: un homme et une femme se rencontrent, se plaisent. Laura est enseignante, Andrew est chirurgien. Leur premier rendez-vous a une issue dramatique: elle dit qu’il l’a droguée et violée. Lui prétend qu’il s’agit d’une relation consentante. La série développe les positions respectives des protagonistes, visiblement sans parti pris. Elle analyse l’onde de choc que l’affaire a sur leurs familles, leurs proches, leur réputation et les secrets déterrés d’un passé trouble pour l’une comme pour l’autre. Les premiers épisodes ont été accueillis par une salve de critiques outre-Atlantique: la suspicion que le scenario fait d’emblée reposer sur Laura (Joanne Froggatt, imprévisible et convaincante à la fois) reproduit plus qu’elle ne dénonce la réalité vécue par de trop nombreuses victimes de viol ou de harcèlement. Ciblé également, le cliché qui consiste à représenter une femme et un homme dans des métiers stéréotypés. Toutefois, la progression de l’histoire, qui puise à la fois dans le thriller, le néo-noir et la série B, laisse d’agréables surprises et montre les mécanismes contre lesquels une femme doit se battre pour faire entendre sa voix.

N.B.

MENGELE, LA TRAQUE D’UN NAZI

Documentaire d’Emmanuel Amara. ***(*)

Vendredi 8/12, 22h35, La Une.

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© DR

Josef Mengele incarne sans doute le summum de l’horreur nazie. Un boucher sans scrupules qui n’aura pourtant jamais subi les foudres de la justice des hommes. Celui qui est au centre de l’ouvrage d’Olivier Guez, récompensé au Renaudot 2017, est également l’odieux sujet de ce nouvel épisode de Retour aux sources. Issu d’une famille de riches industriels dont l’illustre nom résonne dans toute la Bavière, élève studieux et ambitieux, il devient rapidement l’un des pontes de la médecine raciale nazie. Lorsqu’il débarque à Auschwitz pour mener ses « recherches » sur l’être humain, en particulier les enfants, son indéboulonnable sourire sadique et sa cruauté sans limite bâtiront sa sinistre réputation. Au sortir de la guerre, le bourreau échappe miraculeusement à l’emprisonnement. Alors que la chasse aux criminels de guerre bat son plein, sa retraite ne semble guère inquiétée. Le procès des médecins des camps de concentration le forcera malgré tout à s’éclipser vers l’Argentine où le réseau d’entraide nazi de Buenos Aires fonctionne à plein régime. Très vite, par des tours de passe-passe dignes des plus tarabiscotés romans d’espionnage, entretenu par sa famille aussi complice que consentante, il prospère et déambule au nez et à la barbe de tous. Ce documentaire, classique mais parfaitement détaillé, épluche l’exil et la traque de l’un des rares hauts responsables nazis qui, malgré l’étau qui se resserre, échappera constamment aux agents du Mossad comme aux mailles du filet de la justice internationale.

M.U.

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