Another Year, les quatre saisons de Mike Leigh

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A travers un couple et ceux qui gravitent alentour, le réalisateur britannique Mike Leigh capte, pour Another Year, la vie dans ce qu’elle a de simple et d’essentiel à la fois, pour signer la chronique sensible du temps qui va. Un bijou.

Ils s’appellent Tom et Gerri, mais c’est à peine s’il se trouve encore quelqu’un pour relever le comique de la chose, tant leur couple fait désormais partie du paysage, ayant accumulé des années d’un bonheur tranquille qu’ils partagent pour l’essentiel entre leur demeure londonienne et le potager sur lequel ils veillent avec un soin jaloux.

Autour d’eux, sûrs de trouver là des hôtes bienveillants, c’est tout un petit monde qui gravite: il y a notamment Mary, la collègue de Gerri, présence encombrante, à la recherche désespérée de l’âme soeur, perspective que le temps qui passe, inexorablement, semble rendre chaque jour un peu plus illusoire, ne lui en déplaise. Et puis Ken, l’ami d’enfance de Tom, qui noie sa solitude dans un alcool qu’il a on ne peut plus sociable, néanmoins. Sans oublier Joe, leur fils, dont les visites rythment leur existence.

A la suite de ceux-là, et de quelques autres encore, la caméra de Mike Leigh s’invite chez ce couple d’âge mûr le temps d’un film qui épouse le chant des quatre saisons, pour se mettre à l’écoute des joies et des peines, et de ces choses, graves ou futiles, qui impriment son pas à la vie…

Suivant l’habitude de Mike Leigh, Another Year est le fruit, non d’un scénario préétabli, mais bien de longues sessions de travail ayant impliqué ses acteurs, avec qui il a passé des mois à improviser pour élaborer l’univers du film. Le résultat prend la forme d’une chronique intimiste dont chaque plan respire la vérité, glissant avec fluidité au gré des émotions les plus diverses. Une réussite à laquelle ne sont certes pas étrangers des comédiens qui évoluent au naturel, de la bonhomie tranquille de Jim Broadbent à la détresse maladroite de Lesley Manville qui signe une composition tout bonnement renversante.

En leur compagnie, Mike Leigh capte les vibrations de la vie dans ce qu’elle a de simple et d’essentiel à la fois. Il signe un film bouleversant et chaleureux, dont la formidable densité adopte des tonalités délicates. Si le regard n’a rien perdu de son acuité, ni de sa lucidité d’ailleurs, une humeur souriante semble désormais y présider, confirmant là le parti de l’épatant Happy-go-Lucky, opus précédent du cinéaste britannique, dont les quatre saisons ont des vertus enchanteresses…

Another Year, chronique de Mike Leigh, avec Jim Broadbent, Lesley Manville, Ruth Sheen. 2h09.

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Jean-François Pluijgers

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