[Critique théâtre] Après l’irréparable

La Profondeur des forêts © Nargis Benamor
Estelle Spoto
Estelle Spoto Journaliste

La société engendre-t-elle les monstres qu’elle mérite? Même s’il s’agit d’enfants? La question, dérangeante, est posée par la dernière création de la compagnie Belle de Nuit, La Profondeur des forêts.

C’est interpellé par un fait divers sordide, survenu en Grande-Bretagne en 1993, que le metteur en scène Georges Lini, qui fête cette année les 20 ans de sa compagnie Belle de Nuit, a passé une commande à l’écrivain Stanislas Cotton (Bureau national des allogènes, Le Sourire de Sagamore, La Gêne du clown…). Dans un centre commercial près de Liverpool, deux gamins d’une dizaine d’années à peine, Robert Thompson et Jon Venables, ont enlevé James Patrick Bulger, âgé lui de deux ans. Ils l’ont emmené près d’une voie de chemin de fer, l’ont torturé et tué. Dans La Profondeur des forêts, on entend leurs voix lors de l’interrogatoire et leurs photos, prises au moment de leur arrestation, ainsi que l’image d’une des caméras de surveillance du lieu de l’enlèvement sont projetées sur le mur carrelé du décor blanc évoquant une morgue. Mais si cet ancrage dans le réel pose directement la question de ce qui a bien pu pousser les deux garçons à commettre un tel acte et celle de leur responsabilité malgré leur « innocence » enfantine, le texte de Stanislas Cotton s’intéresse surtout à l’après, à la possibilité de rédemption suite à l’irréparable.

L’auteur s’y emploie avec une langue qui marie la poésie et la vulgarité, portée par trois interprètes très jeunes mais convaincants (mention pour Félix Vannoorenberghe, qui a gardé son aplomb malgré un couac technique lors de la première). Reste que l’on aurait peut-être pu éviter la représentation physique de la violence des faits, toute « gentille » qu’elle soit. Les mots, surtout quand ils décrivent des faits réels, suffisaient amplement.

La profondeur des forêts: jusqu’au 10 mars à l’Atelier 210 à Bruxelles. www.atelier210.be

Dans le cadre des 20 ans de la compagnie Belle de Nuit, une fête suivra la représentation du samedi 24 février. Et toujours dans le cadre de cet anniversaire, l’Atelier 210 reprogramme du 13 au 17 mars L’Entrée du Christ à Bruxelles, seul en scène d’Eric De Staercke d’après le roman de Dimitri Verhulst.

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