Les Ardentes : Le triomphe d’Orelsan

Ardentes, jour 3. Orelsan, point d'orgue. © Olivier Donnet
Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Samedi, les Ardentes ont joué à guichets fermés, continuant d’appuyer sur le touche hip hop, mélangeant rap des familles (Bigflo & Oli), stars des réseaux (Prime), pros du sale (Niska). Et, en bout de course, Orelsan pour mettre tout le monde d’accord

Pour ramener du monde à votre festival, il n’y a pas de secret : cela commence par monter une affiche avec les bestsellers du moment. On l’a particulièrement bien compris aux Ardentes. Rien que sur la journée de samedi, sold out pour le coup, et avec les seuls noms d’Orelsan, Big Flo & Oli, Ninho et Niska, étaient représentés sur scène pas moins d’un disque de diamant (pour le premier) et 10 disques de platine (3 + 3 + 4), rien que sur le marché français. Soit, au total, 1,5 millions d’exemplaires de leur dernières productions cumulés. Et on ne parle pas des clics sur Youtube, le festival allant également y piocher de plus en plus souvent ses nouvelles idoles des jeunes : de Rilès vendredi à Prime samedi, tous les deux attirant la grande foule sur la Wallifornia Beach. Pas de méprise : en virant petit à petit vers les « musiques urbaines » il y a quelques années maintenant, l’événement liégeois a pris un vrai risque. Aujourd’hui, aligné sur le zeitgeist du moment, il est payant.

Certes, quantité ne veut pas dire qualité. Voir par exemple l’arnaque Lil Pump, le rappeur US venu simplement cachetonner – une « habitude » chez pas mal de Ricains, heureusement en train de se perdre. Mais pour une bouffonnade, on a eu droit bien plus souvent à de vrais shows. En la matière, c’est Orelsan qui remporte la palme, de (très) loin. En voilà un qui fait pour tout pour éviter de devenir le rentier de son propre succès. Avec batterie, clavier, guitare, puis Skread derrière les machines, et Ablaye en backeur de luxe, le Français réinvestit chaque titre de La Fête est finie pour l’amener ailleurs, et lui donner un nouveau relief. A la fois festif (Basique, Bonne meuf) et touchant (Notes pour trop tard, Raelsan), Orelsan captive ainsi à chaque instant. Pantalon noir trop court sur chaussettes blanches, il fait volontiers penser à un karateka à la Bruce Lee. A moins qu’il ne faille y voir une allusion à Michael Jackson période moonwalk ? Celle de la perfection pop, où musiques noires et blanches se rencontraient pour le meilleur. L’un des passages les plus réussis de la soirée est d’ailleurs la version euphorisante du morceau Christophe« J’aurais pu donner aux racistes de l’espoir, mais je fais de la musique de Noirs », chante Orelsan. Pour beaucoup, la mainstreamisation du rap est synonyme d' »embourgeoisement » créatif et d’affadissement. Chez Orelsan, c’est d’abord une manière d’amener cette musique plus loin.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content