Lemon Twigs: « On a du Beatles et du Beach Boys dans notre ADN »

The Lemon Twigs: Brian et Michael D'Addario © DR
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Deux frangins de 17 et 19 ans passés par les planches de Broadway enregistrent avec un Foxygen et se prennent pour des Beatles glam, baroques et lo-fi.

Le plus âgé ressemble à Nick Drake, Gene Clark et Gram Parsons. Le plus jeune à Ziggy Stardust qui se serait coloré la moitié de la tignasse et aurait joint une brosse punk à sa coupe mulet. T-shirts roses sur le dos (des Fab Four pour Brian, de la Pink Panther pour Michael), les Lemon Twigs sont plutôt bien assortis. Les deux Américains sont frangins, nés D’Addario. 19 ans pour l’aîné, 17 pour son cadet plutôt rigolo affalé sur sa banquette ou en train de se battre avec le citron qui veut rester sous les glaçons de son coca. Après une cassette tirée à 100 exemplaires -« Notre grand-mère nous en a acheté 20″-, les deux Américains sortent ces jours-ci leur premier véritable album (Do Hollywood) sur le label 4AD. « Tu as essayé de trouver la cassette sur Internet? Tu n’aurais pas dû. Aucun intérêt, mec. On va t’amener plus de musique. Ne te tracasse pas avec ça. » Michael rigole. « Plus tard, d’ici deux ou trois disques, on la rendra disponible avec un lien MediaFire. »

« Le truc, c’est que c’est vraiment très psychédélique, explique Brian. Ce n’était pas vraiment dans notre nature. On a du Beatles et du Beach Boys dans notre ADN, mais s’ils partent dans ces directions parfois, ils se sont surtout toujours efforcés d’écrire de vraies bonnes chansons. Et c’est ce qu’on a essayé de faire avec notre premier véritable disque. »

I Wanna Prove to You, Those Day Is Comin’ Soon… Les gamins remplissent d’emblée le cahier des charges. Sans cacher une seule seconde leur amour pour John, Paul, George et Ringo. Les sixties certes mais avec quelques paillettes glam. « Le premier morceau des Beatles qui a retenu notre attention devait être Yellow Submarine, essaie de se remémorer Brian. Nous étions encore tout petits, branchés par Le Roi Lion et ce genre de trucs. Pendant des années, on a regardé A Hard Day’s Night et The Beatles Anthology en boucle. Il n’y avait pas que la musique, il y avait aussi l’univers, les couleurs. Puis, en grandissant, on a pris conscience de toute leur légitimité. Certains groupes s’écroulent à un moment de leur carrière. Eux ont toujours continué à avancer. Et ils y ont allié la qualité. »

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Brian se souvient encore des effets pyrotechniques sur Live and Let Die lors de son premier concert, à 6 ans, de Paul McCartney. « Notre dad nous a transmis le virus. Dans les années 70, quand les Beatles se sont séparés, il a essayé de leur chercher des successeurs et il s’est mis aux Beach Boys. Il ne les a pas vus en live. Il aurait pu, au Shea Stadium. Mais sa mère a eu peur qu’il se fasse piétiner et lui a interdit d’y aller. » L’anecdote familiale, on le sent tout de suite, doit encore aujourd’hui ronger le paternel… Ses fils n’ont jamais été à Liverpool (ça ne saurait tarder) mais ils ont eu l’occasion de pousser une pointe jusqu’à Abbey Road et de se prendre en photo sur le plus célèbre passage piéton de l’histoire du rock. « J’ai retiré mes chaussures« , sourit Michael, pas peu fier d’avoir imité McCa.

Broadway

Chez les Lemon Twigs, tout est dans le souci du détail. Et les D’Addario y portent une attention toute particulière sans doute inculquée par les quelques années passées sur les planches de Broadway. Leur père avait essayé de faire carrière dans la musique -« Les Carpenters ont enregistré une de ses chansons mais Karen est morte et il ne l’a jamais entendue. » Leur mère leur a ouvert les portes des comédies musicales. « Elle avait joué quand elle était jeune et avait décidé de se mettre au théâtre communautaire dans notre quartier. Je devais avoir 7 ans à l’époque. Quelqu’un m’a vu jouer Gavroche. On m’a introduit à un agent, j’ai passé une audition et j’ai fini dans Les Misérables et La Petite Sirène sur Broadway.« 

Michael a, lui, joué dans All My Sons et The Coast of Utopia. Il a aussi fait quelques apparitions au cinéma. « Rien de bien grandiose mais des films avec quelques stars. » Sinister dans lequel Ethan Hawke incarnait son père ou encore People Like Us avec Michele Pfeiffer… « Tu passes beaucoup de temps à attendre mais comme ils paient les billets d’avion, c’est la seule fois de ma vie où j’ai pu voyager en business. Broadway par contre était vraiment comme un boulot. Parce que tu es là tous les jours pendant un bon bout de temps.«  »On y traînait avec des gens plus vieux. C’est une expérience unique quand tu as 12 ans.«  »Puis, ça te procure très tôt une éthique de travail. Même si je ne l’ai jamais utilisée à l’école. »

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Michael devrait encore y être mais il a terminé son cursus en cours du soir. Tout risque de s’enchaîner très vite pour les D’Addario, qui ont fabriqué Do Hollywood avec Jonathan Rado, la moitié du duo Foxygen. « On est fans. Il y a deux ans, on l’a contacté en ligne et rencontré à New York juste avant qu’il ne bouge à Los Angeles. Il a proposé de nous produire et on a terminé dans son home studio. On a passé nos soirées à écouter des disques ensemble. Il était vraiment branché sur le Voodoo de D’Angelo. »

« On a payé pour l’avion mais Rado ne nous a pas fait raquer. C’était il y a deux ans déjà. » Michael se tourne vers son frère au regard réprobateur. « Quoi? C’est quoi le problème? » « Vas-y continue.«  »Il n’avait pas encore produit beaucoup de gens et il nous a fait une faveur. » Les frères D’Addario sont plus civilisés que les Gallagher. « Entre nous, c’est parfois un peu brutal dans le sens où on n’hésite pas à dire à l’autre que ce qu’il fait est merdique. On en rajoute même un peu. Genre, c’est le pire truc que j’aie pu entendre de toute mon existence. Puis, on se bagarre de temps en temps évidemment. Mais ce n’est pas lié à la musique. On vit dans la même maison. C’est inévitable, j’imagine. »

Multi-instrumentistes, les Lemon Twigs habitent encore chez leurs vieux dans un patelin, Hicksville, dont est originaire Billy Joel. Si Michael partage son amour pour Ariel Pink, Lou Reed et la comedy (de Steve Martin à Jim Gaffigan) et si Brian avoue avoir écouté The Life of Pablo de Kanye West dans le train, Do Hollywood slalome surtout entre les Beatles, les Beach Boys et Big Star. Elton John, MGMT et Freddie Mercury… « On a déjà des chansons pour nos deux prochains disques. Rien d’enregistré, mais c’est dans nos têtes. » Love, love me do…

The Lemon Twigs, Do Hollywood, distribué par 4AD. ***(*)

Le 25/11 au Witloof Bar (Botanique)

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