Critique | Musique

[L’album de la semaine] Forever Pavot – La Pantoufle

Emile Sornin (Forever Pavot) © FX RICHARD
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

ROCK | Forever Pavot joue avec les fantômes de Gainsbourg et des grands arrangeurs du 7e art français sur un album magique. Crime et chatoiement.

Cinématographique. Le terme est souvent galvaudé lorsqu’il s’agit de parler musique. Quand ce n’est pas pour résumer paresseusement des disques au tempérament instrumental, c’est d’ailleurs pour évoquer des films qu’on n’a pas envie d’écouter… Sauf que voilà. Clippeur pour Dizzee Rascal et Disclosure, chineur mélomane (la preuve avec l’album et le documentaire Le Bon Coin Forever) et réalisateur sonore de ses propres fantasmes, Emile Sornin est un homme d’images.

« Il y a de grands voyages qu’on ne fait bien qu’en pantoufles », disait le comédien, auteur, dialoguiste et scénariste Jean Sarment. Avec le nouveau Forever Pavot, les charentaises se transforment en bottes de sept lieues. Enjambées psychédéliques et foulée cinéphile. Le raccourci est facile: ambiance gainsbourgienne. Emile a d’ailleurs des faux airs du père et il a travaillé avec Charlotte, la fille, sur invitation du producteur Sebastian (Rest sort le 17 novembre). Concept album, opéra rock: oh, les vilains mots… La Pantoufle, ce serait un peu son Homme à tête de chou. Sans Meurtre à l’extincteur ni Variations sur Marilou. Mais avec des Cordes et Au pas de l’assassin

Bruits d’ébats et cris de mouettes

Le cinéma français des années 70, les pionniers du synthé et la Library music… La Pantoufle fait dans l’économie du mot et la force évocatrice de la musique. « Vous avez le droit de garder le silence. Dans le cas contraire, tout ce que vous direz pourra et sera utilisé contre vous devant un tribunal. » « Je suis confus. Je voulais pas lui faire du mal. Alors, OK, j’ai peut-être serré un peu trop fort les cordes autour de ses poignets… » La voix est douce. L’ambulance vient de passer.

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Bruits d’ébats (Jonathan et Rosalie n’est pas à mettre entre toutes les oreilles), cris de mouettes (La Soupe à la grolle)… Il y a de la comédie, du drame, du polar, de la science-fiction, du film d’aventure et de jeunesse, de l’érotisme aussi sous la semelle de cette Pantoufle. Un disque amusant, flippant, complètement décomplexé qui assure dans l’audace et assume son français. Sornin joue ici avec les codes et les souvenirs pour mieux s’en défaire. Entre quelques instrumentaux (Les Cagouilles, Père, Cancre…), La Pantoufle dans le puits emmène en cauchemar enfantin, tandis que Hutre semble croiser Katerine en chemin…

Sur la pochette, illustrée, de son disque, à nouveau signée par Catherine Hershey, le jeune papa parisien joue du violon en tenue d’époque. Produit avec Benjamin Glibert (Aquaserge), La Pantoufle marche sur les pas des grands arrangeurs français François de Roubaix, Jean-Claude Vannier, Francis Lai ou encore Vladimir Cosma. Mais Sornin y joue son propre cinéma. Tel le Petit Poucet, Gainsbarre semait il y a 50 ans des graines de pavot sur les pavés. Emile les a ramassées, a fait l’école buissonnière mais ne s’est pas pour autant égaré… Il a même plutôt trouvé la porte, enchantée, vers de nouvelles et merveilleuses contrées.

Forever Pavot, « La Pantoufle », distribué par Born Bad. ****(*)

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