Dour J1: Bertrand Cantat, douze ans après

Bertrant Cantat (Détroit) à Dour © Olivier Donnet
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Se confronter aux salles et à un public payant, c’est une chose. Jouer en festival et faire face à des spectateurs qui ne veulent pas nécessairement vous voir en est une autre.

Comment Bertrand Cantat allait être accueilli jeudi soir sur la Last Arena du 26e festival de Dour? Il y avait quand même de quoi se poser la question. La réponse est plutôt rassurante pour ce qui reste l’un des plus grands interprètes de France. Une remarque ou l’autre, un peu douteuse, sourde et imbibée, connerie de mec bourré qui n’ose la dire trop fort et que personne n’entend, se perd dans la foule. Mais l’ancien leader de Noir Désir est épargné des attaques frontales et des sorts jadis réservés aux BB Brunes et autres Diam’s, chassés de scène à coups de bières et de déchets. Le Dourois peut être cruel parfois…

Pendant une petite heure et quart d’un set forcément plus ramassé qu’à l’Ancienne Belgique, Cantat, habité, va voyager entre Détroit et Noir Dés. Commencer avec Droit dans le soleil et le seul Pascal Humbert à la contrebasse électrique pour terminer en mode furieux avec une version réaménagée de Tostaky, soyons désinvolte, n’ayons l’air de rien, et l’inévitable Comme elle vient repris en choeur, « encore et encore », par un public réceptif à défaut d’être déchainé. Pas de Grand incendie. Ni au propre ni au figuré.

La moitié de la setlist est consacrée au répertoire de Noir Désir (douze ans après sa dernière visite sur la plaine de la Machine à feu). Plutôt du genre fin de discographie (Lazy, Le vent nous portera…) que début de carrière… Le reste (Ma Muse, Sa majesté, le vilain Le creux de ta main) est extrait d’Horizons. L’interprétation comme d’habitude hallucinante s’apparente à un vrai tour de force. Mais il se dégage moins d’émotion qu’à l’AB.

On rêve toujours de se retourner et de voir Serge Teyssot-Gay asséner ses riffs tendus en faisant quelques petits sauts de cabri. Pour ça, il ne reste que les souvenirs. Il y a quelques jours à La Rochelle, Cantat avait fustigé des « Francofolies de droite », invité sur scène une cinquantaine d’intermittents et regretté le peu d’artistes s’exprimant, en tout cas dans la musique, sur leur condition. Le retour du bonhomme fait du bien. Il redébarquera avec Humbert (basse, contrebasse, guitare), Green (claviers) et compagnie à l’AB les 7 et 8 octobre et se produira le 17 au Théâtre National dans le cadre du Festival des Libertés.

Setlist: Droit dans le soleil, Ma Muse, Horizon, Le Creux de ta main, Lazy, Le Fleuve, Le Vent nous portera, Null and Void, Sa Majesté, Fin de siècle, Tostaky, Comme elle vient.

Retrouvez les photos du concert de Détroit.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content