Le Tas de pierres

On le sentait venir depuis quelques temps: Aurélie William Levaux, auteure belge atypique de bandes dessinées ( Le Verre à moitié vide, Sisyphe…), sort son premier roman. Et comme elle ne fait rien comme les autres, elle l’a écrit avec son frère Christophe. Ça tombe bien: l’histoire fait la chronique d’une fratrie dans un bled perdu de Wallonie. Elle prend pour toile de fond le déraillement d’un train touristique faisant le tour des anciens charbonnages. Mais c’est surtout la chronique de deux adolescents empêtrés dans leurs frustrations de ne pas avoir une famille « normale », entre l’absence de télévision soustrayant d’office les enfants des conversations à la cour de récré, et le mysticisme d’une mère bigote obligeant tout le monde à assister à la messe du dimanche. C’est également la période des premiers émois et des envies inavouables personnifiées pour l’une par le gars au mulet sur sa mobylette et pour l’autre, par la fille en fuseau moulant fluo et queue de cheval. C’est, pour résumer, l’incompréhension d’un monde vu au travers du prisme nouveau de l’enfance qui disparaît. L’écriture à quatre mains permet non seulement l’alternance des points de vue mais également une dynamique de polar. Le style, au langage oral débité au rythme d’une mitraillette, finit de nous plonger avec pas mal d’humour et de noirceur dans la crudité de l’adolescence.

D’Aurélie William Levaux et Christophe Levaux, éditions Cambourakis, 120 pages.

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