À l’aube

Joan, la trentaine, est revenue vivre dans la maison familiale après le décès de ses parents. Moins par nostalgie -elle a quitté très tôt un foyer où l’affection passait après le militantisme d’extrême gauche- que pour s’occuper de son petit frère autiste, Marlon. Un sacré changement pour cette femme libre qui partage son temps entre un magasin de mode vintage dans le centre de Cambridge, près de Boston, et des prestations pour un réseau de call-girls géré par Dora, amie et partenaire dans la boutique. Alors qu’elle tente de faire bonne figure dans son nouveau rôle de soeur modèle, les nuages s’accumulent. L’ex-compagnon de lutte des défunts, et accessoirement ex-amant de la mère, se pointe et insiste lourdement pour fouiller le bureau. Officiellement pour mettre de l’ordre dans la paperasse. Officieusement pour retrouver le magot que le père aurait planqué quelque part. Et puis il y a le manège de la baby-sitter, qui entretient une relation de plus en plus exclusive avec Marlon alors qu’elle pourrait être sa grand-mère…

Le recours compulsif à l’ellipse ne suffit malheureusement pas à enrober de mystère ce scénario tiré par les cheveux. Les personnages restent coincés à l’état d’ébauches, de fragments. Philippe Djian ( 37 °2 le matin, Oh…), qui use et abuse du hors-champ, noie la matrice du « roman américain » dans un expressionnisme affecté et stérile, à l’image de ces scènes de cul faussement perverses, comme saisies dans la lumière blafarde d’un néon. Pour le trouble, le vrai, on repassera.

de Philippe Djian, éditions Gallimard, 192 pages.

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