Le cinéaste liégeois Thierry Michel crée la surprise au Festival de Carthage

Thierry Michel © BELGA
FocusVif.be Rédaction en ligne

Lors de la cérémonie de clôture du festival des Journées Cinématographiques de Carthage (JCC), samedi soir à Tunis, le jury présidé par le réalisateur Thierry Michel a créé la surprise en récompensant un plaidoyer en faveur du droit à l’homosexualité, malgré certains cris d’intolérance entendus quelques heures plus tôt dans la rue.

Connu pour ses positions très tranchées en matière de droits humains, c’est avec fierté que le cinéaste liégeois Thierry Michel a annoncé, samedi soir lors du gala de clôture des JCC, l’octroi par son jury du Tanit de bronze au long-métrage Au-delà de l’ombre, de la réalisatrice tunisienne Nadia Mezni Hafaiedh, elle-même surprise d’être primée.

Le film conte le quotidien d’une jeune activiste dont le parcours est marqué par le rejet d’une « non normalité ». Lors de sa diffusion, cette semaine dans les salles tunisiennes à l’occasion de ces JCC, le documentaire a suscité des réactions diverses.

« Cinéma transgressif », titrait à la Une, samedi matin, le site d’information HuffPost Tunisie. « A priori le public est enthousiaste et veut apprécier ce moment cinématographique sur un sujet controversé en Tunisie. Après vingt minutes environ, on assiste à la sortie de dizaines de personnes de la salle, qui invectivent le film, sommant les autres, qui attendent toujours, de renoncer à le voir », rapporte ensuite l’auteur de l’article.

Pour Thierry Michel, il est important de pouvoir valoriser une telle oeuvre. « La réalisatrice a osé créer ce documentaire, le comité de sélection du festival a osé le programmer et le jury a osé le récompenser », a commenté Thierry Michel, samedi soir à l’agence Belga.

« Ce Tanit de bronze honore l’audace du propos, libre, impertinent et à l’esthétique provocatrice, du film réalisé au coeur de l’intime d’un groupe de jeunes de la communauté LGBT. Nous saluons le festival d’avoir eu le courage de sélectionner cette oeuvre résolument engagée dans la lutte pour des libertés individuelles au sein de la société musulmane », a-t-il expliqué. « Outre l’appel aux réformes législatives, j’y vois aussi une révolution des mentalités. »

Plus largement, le réalisateur wallon a apprécié la qualité et la diversité des productions visionnées lors de cette vingt-huitième session des JCC. « Grâce au regard acéré et parfois sublimé de cinéastes du réel, nous avons pu partager le souffle de l’histoire dans les pays arabes et d’Afrique subsaharienne », a-t-il ajouté.

« Nous avons pu saisir ces courants profonds qui agitent les hommes et les consciences de ces sociétés tout en constatant que, chez les uns et les autres, les enjeux fondamentaux sont les mêmes, la lutte de la vie contre la mort, de la lumière contre l’obscurité. Des geôles israéliennes aux commissariats de police du Caire, des cachots tunisiens aux salles de torture irakiennes ou iraniennes, c’est le corps de l’homme que l’on supplicie pour mieux asservir sa conscience, pour mieux briser sa révolte. Ce festival nous a permis un beau voyage au coeur de cette humanité souffrante, mais rebelle et fière, au coeur de ces tumultes du monde qui accoucheront d’un futur libre et fier. »

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