Critique

[Critique ciné] Juste la fin du monde de Xavier Dolan, un supplice

Marion Cotillard et Vincent Cassel dans Juste la fin du monde, de Xavier Dolan. © DR
Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

DRAME | Xavier Dolan a l’habitude de faire les choses en grand, les fulgurances comme les ratages, dont fait partie Juste la fin du monde.

Réalisateur prolifique -six longs métrages depuis que J’ai tué ma mère le révélait en 2009-, Xavier Dolan a l’habitude de faire les choses en grand, les fulgurances (Mommy, Grand Prix à Cannes) comme les ratages (l’indigeste Laurence Anyways). Adapté d’une pièce de théâtre écrite en 1990 par Jean-Luc Lagarce, alors que l’auteur se savait atteint du sida qui allait l’emporter cinq ans plus tard, Juste la fin du monde ressortit malheureusement à la seconde catégorie. Soit l’histoire de Louis (Gaspard Ulliel), dramaturge retournant dans sa famille douze ans après l’avoir quittée, afin de lui annoncer sa mort prochaine. La tension née d’une si longue absence, mais aussi de trop de non-dits, est palpable. Et à peine a-t-il débarqué du taxi l’ayant emmené de l’aéroport que les choses partent en vrille, l’empressement initial des un(e)s et des autres (mère, soeur, frère, belle-soeur) se muant en bombe à retardement, le temps d’une réunion de famille marquée du sceau de l’incommunicabilité et des névroses de chacun. Pas plus que dans Tom à la ferme, Dolan ne cherche à masquer l’origine théâtrale du matériau. Huis clos assumé, Juste la fin du monde se veut révélateur intime tendance jeu de massacre. Mais s’il s’appuie sur un casting de luxe (il y a là encore Nathalie Baye, Léa Seydoux, Vincent Cassel et Marion Cotillard), le réalisateur opte pour une direction d’acteurs outrée, seule la dernière semblant surnager tandis que Gaspard Ulliel contemple les dégâts. Une disposition hystérique d’ensemble achève de laminer l’impact potentiel d’un film flirtant bientôt avec l’insupportable, comme lors d’une chorégraphie exécutée au son de Dragostea din tei d’O-zone. Un supplice.

DE XAVIER DOLAN. AVEC GASPARD ULLIEL, NATHALIE BAYE, LÉA SEYDOUX. 1 H 35. SORTIE: 21/09. °

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