Arnold Schwarzenegger, l’interview politico-écolo express

Arnold Schwarzenegger est au 70e festival de Cannes pour présenter le documentaire Wonders of the Sea 3D. © REUTERS/Jean-Paul Pelissier
Nicolas Clément
Nicolas Clément Journaliste cinéma

À Cannes, l’animal, sourire carnassier, est venu défendre un docu en 3D vantant les merveilles de l’océan.

Il est le narrateur et producteur d’un documentaire co-réalisé par le fils Cousteau, Wonders of the Sea 3D, déclaration d’amour hyper immersive à l’océan. Rencontre avec Arnold Schwarzenegger, mimiques improbables, digressions farfelues et accent germano à couper au couteau en options.

Acteur, culturiste, politicien et aujourd’hui producteur et narrateur d’un documentaire sous-marin… Vous êtes un peu comme ce poulpe transformiste que l’on voit dans le film: à la fois toujours un peu le même et toujours un peu différent…

Vous savez, c’est amusant, parce que quand j’étais enfant, j’avais une vision très précise de ce que je voulais faire de ma vie. Je voulais devenir un king du bodybuilding, aller aux États-Unis, faire des films et gagner des millions de dollars. Mais je ne pensais jamais que tout cela allait se concrétiser aussi rapidement, ni dans des proportions aussi grandes -jamais je n’ai imaginé devenir cinq fois Mister Univers ou anticipé le succès fracassant d’un film comme Terminator 2, par exemple-, ni que j’en arriverais à faire de la comédie… Et encore moins que je me pointerais un jour sur la Croisette pour faire la promo d’un film écolo. Parce que croyez-moi, à l’époque, je n’en avais rien à faire des questions d’environnement. Pendant longtemps, je n’ai pas vu plus loin que le bout de mon propre nombril, pour être honnête. Je me suis éveillé sur le tard à une conscience citoyenne. C’est pour cela que j’ai commencé à faire de la politique, ou que je m’implique aujourd’hui dans ce projet documentaire. Ce film est porteur d’un message important. Quand on s’intéresse à des questions d’écologie, on se retrouve souvent face à cette manie de pointer du doigt tout ce qui dysfonctionne dans le monde. Ce film est une célébration. Il dit que le verre n’est pas à moitié vide mais à moitié plein. Il fait le choix de déclarer sa flamme à la nature. Tout simplement parce que l’on ne protège jamais si bien que ce que l’on aime.

Quand l’administration qui vient de se mettre en place dans un pays d’importance comme les États-Unis semble bien décidée à ne pas prendre en compte les questions de changement climatique, il apparaît pourtant parfois difficile de se montrer optimiste sur ce genre de problématiques…

Le pouvoir n’est pas concentré dans le politique. Et croyez-moi, nous sommes nombreux à ne pas partager les élucubrations de l’administration en place. Personnellement, je crois beaucoup au pouvoir des gens, de la communauté, du local. L’océan nous fournit la nourriture dont nous avons besoin, l’air que nous respirons. Un seul homme ne peut pas décider de l’avenir de la planète. Devenir Président ne vous rend pas subitement tout-puissant. Vous savez, en politique, le vent souffle un jour dans un sens, puis le lendemain dans l’autre. Quand les gens ressentent un ras-le-bol profond par rapport à une situation, ils se tournent vers quelque chose de complètement différent. Quoi qu’il en soit, un mauvais gouvernement n’a pas à vous dicter votre conception de l’environnement. Les vrais passionnés, les amoureux de la planète peuvent vraiment changer les choses. D’où la nécessité de prendre conscience de la beauté du monde dans lequel nous vivons, et de l’urgence de la préserver. Pour moi, c’est un peu la même chose que dans l’univers du culturisme (sic): à mes débuts, tout le monde disait que c’était mauvais pour le corps, et regardez aujourd’hui, tous les hôtels sont équipés de salles de fitness. Nous, on n’a jamais blâmé les gens pour leurs gros bides ou leurs gros derrières, on se contentait de célébrer la beauté du corps. Tout comme Wonders of the Sea célèbre la beauté de la planète sans pointer un gros doigt accusateur sur quiconque.

À bientôt 70 ans, vous vous sentez comment?

J’adore ma vie. Elle ressemble à une succession de super hobbys. Un mois, je fais un film. Le suivant, je fais la promo d’un festival de fitness en Afrique du Sud ou je donne un speech à l’université devant un auditoire rempli d’étudiants motivés, quand je ne fais pas de la moto au fin fond de l’Asie… Comment voulez-vous que je ne sois pas rempli d’énergie positive? Bien sûr, je suis incroyablement chanceux. Vous savez, 74% des Américains n’aiment pas leur travail. Les gens ne sont pas stressés et déprimés pour rien… Vivre en n’appréciant pas ce que l’on fait est une tare sans nom. Et c’est le lot de la plupart des gens sur cette Terre. J’ai toujours conscientisé le privilège qui était le mien. Même quand je devais ramper une épée à la main, les coudes et les genoux en sang, sur le tournage de Conan le Barbare et que John Milius braillait derrière sa caméra: « On va la refaire! » (sourire)

Dans Wonders of the Sea, vous allez même jusqu’à reprendre votre phrase culte: « I’ll be back!« …

Je me souviens d’avoir argumenté pendant des heures avec James Cameron sur le tournage de Terminator pour savoir si je devais dire « I will be back! » ou « I’ll be back!« . James a tranché et il a eu raison, c’est devenu l’une des répliques les plus fameuses de l’Histoire du cinéma. Mais la plupart du temps, mes répliques sont devenues célèbres parce que je les prononçais mal (sourire). J’ai toujours mélangé les « d » et les « t », ça faisait marrer les gens. Comme quand je criais « Get to da choppa! » dans Predator. C’est n’importe quoi, mais ça marche. C’est ce que James Cameron a dit à la conférence de presse du premier Terminator: « Vous savez pourquoi le film fonctionne si bien? C’est parce qu’Arnold parle vraiment comme une machine. »

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